Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/524

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millier d’habitants, souvent en guerre avec leurs voisins du Potou. Le village est d’un accès facile ; plusieurs débarcadères permettent d’y accoster ; le plus grand, planté de cocotiers, est d’un joli aspect.

Les gens d’Abra paraissent former une tribu dont les intérêts sont séparés de ceux des villages voisins. Le chef, Koutoukan, est connu par son humeur voyageuse. Depuis longtemps en rapport avec les Français, notre contact fréquent le maintient dans l’obéissance. Koutou est souvent en dispute avec Assama ; mais ils finissent toujours par s’entendre sur le terrain de leur intérêt commun.

Vitrié. — Le village de Vitrié est situé sur la rive septentrionale de l’île du même nom. Les habitants, au nombre d’environ 500, sont de la même famille que ceux de Grand-Bassam. Le P. d’Assama y demeure. Leur principale occupation est la pêche ; ils possèdent une quarantaine de pirogues que reçoivent trois débarcadères d’un facile accès. Le chef se nomme Kadiomou ; il demande depuis longtemps un pavillon français. Vitrié, par sa position et par ses relations avec Grand-Bassam, est complètement sous notre dépendance.

Pays de l’Ébrié. — Après Vitrié, commence un des pays les plus importants de la lagune : c’est le pays de l’Ébrié qui, du village de Blakbota à celui de Danga, occupe une étendue de côte de 15 milles environ. Cette côte est découpée par des baies assez profondes, de formes bizarres, et est garnie de villages riches et commerçants. Le pays produit beaucoup d’huile de palme que les Jack-Jack viennent acheter.

Les gens de l’Ébrié, de mœurs turbulentes et guerrières, paraissent former une confédération de villages, reconnaissant un chef dont la résidence est dans l’intérieur, au village d’Akouté. C’est là que se tiennent les assemblées où se discutent les affaires importantes de la confédération.

Nous fûmes obligés de faire contre les habitants de l’Ébrié une expédition, celle d’Éboué, au mois de novembre 1853. Ce souvenir est encore vivace dans tous les cœurs. Dans les commencements de l’occupation, les hommes de l’Ebrié ont essayé d’enlever le blockhaus. Ils débarquaient au petit village d’Adiofou situé sur le bord de la mer, à 12 milles environ de la barre. À ce point, la langue de sable qui sépare la lagune de la mer est très-étroite et n’a pas 500 mètres de largeur.

Comme dans tout le reste de la lagune, la côte de l’Ébrié est bordée de fourrés impénétrables. Vers le milieu du pays, le