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Page:Revue maritime et coloniale, tome 18.djvu/786

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LA FRANCE EN COCHINCHINE.


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DÉBUTS D’UNE COLONIE[1].


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I.


Il faut avoir lu dans nos vieux auteurs ce qu’était la colonisation aux époques de découvertes et dans les années qui suivirent, pour se faire une idée de ce que nous devons aux progrès de notre dix-neuvième siècle. Jadis, lorsqu’un navire avait jeté sur une plage inconnue la petite bande de hardis compagnons qui venait y chercher fortune, nul d’entre eux ne savait combien de temps s’écoulerait avant qu’il pût renouer le fil qui le rattacherait à la mère-patrie. Le fort solidement palissadé que l’on se hâtait de construire était la seule habitation possible, hors de laquelle on ne s’aventurait que le mousquet sur l’épaule pour aller défricher l’épais hallier où rôdait le sauvage. Nul médecin n’était là pour combattre les foudroyantes atteintes d’un climat dévorant ; les plus simples détails de la vie matérielle devenaient des obstacles, et quand le fléau de la disette s’abattait sur ces populations

  1. Ce document est extrait d’une série d’articles publiés par la Revue des Deux-Mondes sous le titre de « Souvenirs d’une Campagne dans l’Extrême-Orient. »