un temps précieux que de s’arrêter à la combattre sérieusement. Il suffit de la signaler et de passer outre. L’or et l’argent sont des richesses, sans contredit ; ce sont des richesses d’une espèce particulière, comme le blé, comme le vin, comme la laine, etc. ; mais ce ne sont pas, à beaucoup près, les seules et uniques richesses qu’il y ait dans le monde. Tel est le principe important sur lequel les hommes éclairés sont tous d’accord aujourd’hui.
Si l’or et l’argent ne sont pas toute la richesse, que sont-ils donc ? Qu’est-ce que les métaux précieux, et quelle est la nature de leurs fonctions ? Que faut-il entendre par le numéraire, par la monnaie ? On a déjà pris bien de la peine pour répondre à toutes ces questions ; il n’y a guère d’écrivain, en économie politique, qui ne leur ait consacré une bonne partie de ses efforts. Et cependant mon opinion n’est pas qu’on soit encore parvenu à les résoudre d’une manière complètement satisfaisante. Il y a, selon moi, quelque chose à faire pour arriver à des solutions nettes et précises sur ces différentes questions.
Et d’abord on a très souvent raisonné comme si les métaux précieux ne remplissaient qu’une seule et unique fonction. On a presque toujours confondu le numéraire et la monnaie, oubliant que si la société a besoin d’une marchandise intermédiaire pour faciliter l’échange et le commerce, elle réclame tout aussi vivement un terme de comparaison pour mesurer la valeur, et pour se rendre compte de la richesse sociale. Cette première erreur, assez générale parmi les économistes, a dû en entraîner plusieurs autres. On sent qu’après