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valent 2,500 grammes, ou 500 francs, nous pouvons nous faire une idée passablement juste de ce que vaut un chameau, et nous pouvons très bien apprécier la richesse sociale d’un homme qui posséderait au Caire quinze ou vingt chameaux ; car, encore une fois, 50 sequins et 500 fr. sont une valeur à très peu près égale pour l’habitant du Caire et pour celui de Paris, puisqu’il y a, d’un côté comme de l’autre, le même poids d’argent, savoir 2,500 grammes ; et par conséquent, celui qui possède au Caire quinze ou vingt fois 2,500 grammes d’argent est, à très peu de chose près, aussi riche que celui qui possède à Paris la même valeur.

Mais il y a, dans ce dernier exemple allégué par M. Say, une ambiguïté très dangereuse, qu’il est indispensable de relever, et qui éclate encore mieux dans le passage suivant, où je vais la signaler et la combattre.

« La mesure commune de deux valeurs (si on lui accorde ce nom), dit M. Say, ne donne aucune idée du rapport de ces deux valeurs, pour peu qu’elles soient séparées par quelque distance ou par quelque espace de temps ; 20,000 fr., ou mille hectolitres de froment, ne peuvent me servir pour comparer la valeur d’une maison d’autrefois à celle d’une maison d’à présent parce que la valeur des écus et du froment n’est plus rigoureusement à présent ce qu’elle était autrefois.

« Une maison à Paris, de 10,000 écus, au temps d’Henri IV, valait bien plus qu’une maison qui vaudrait à présent 10,000 écus. Une maison de 20,000 fr. en Basse-Bretagne a plus de valeur qu’une maison de