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Page:Revue mensuelle d’économie politique - 1836 - T5.djvu/338

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M. Say, et nous persisterons à croire qu’il n’est pas aussi impossible qu’il le prétend[1] de comparer les richesses de deux époques ou de deux nations différentes. Ce parallèle n’est point, comme le dit M. Say, la quadrature du cercle de l’économie politique. La statistique travaille tous les jours à l’établir, et elle y réussira toujours de mieux en mieux. M. Say lui-même aura contribué, pour sa part, à la solution de ce problème intéressant, en nous indiquant, avec sa sagacité ordinaire, quels sont les meilleurs moyens de comparer les valeurs qui sont séparées par les temps et par les lieux. Et, en effet, immédiatement après avoir nié que la valeur puisse se mesurer, et que les métaux précieux puissent être considérés comme de véritables mesures, M. Say se livre à la recherche des moyens qu’on peut employer pour l’appréciation de la richesse sociale, et il établit fort bien que pour comparer des valeurs séparées par un certain laps de temps, il faut employer la valeur moyenne du blé, aux deux époques, et que, pour des valeurs situées dans des pays différens, il n’y a pas de meilleure mesure que les métaux précieux[2]. Cela revient, comme on le voit, à employer dans tous les cas la valeur des métaux précieux, sauf à corriger, par la valeur moyenne du blé, regardée comme constante depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, les variations qui sont survenues, par l’effet du temps, dans la valeur de l’or et de l’argent. Nous n’ignorons pas, il est vrai, que M. Say ne regarde les différentes évalua-

  1. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p. 89.
  2. Traité d’Économie politique, 5e édition, t. II, p. 95 et suiv.