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Page:Revue pédagogique, année 1897.djvu/51

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LA DICTÉE ET L’ENSEIGNEMENT DE L’ORTHOGRAPHE

durable, le maître devra attirer à chaque instant, de la manière la plus vive, l’attention des jeunes enfants sur le devoir qu’il leur a choisi : tâche extrêmement difficile quand il s’agit de diriger une division de plus de dix élèves et pratique seulement pour l’enseignement individuel. La copie d’un texte n’exige qu’une attention et qu’une application limitées : un exercice de vocabulaire excite plus spécialement l’effort nécessaire pour retrouver le sens des mots ou la relation que les sens de divers mots consécutifs peuvent avoir entre eux. Aussi l’élève trop soutenu ne comprendra pas spontanément la nécessité d’un effort supplémentaire que le maître, je le crains, sera trop souvent incapable de provoquer. C’est pourquoi, dans la plupart des cas, la copie ne donnera aux souvenirs visuels et aux souvenirs graphiques qu’une intensité insuffisante.

Comme moyen de vérification, non d’enseignement (Payot), on aura parfois recours à la dictée, car elle permet de constater de loin en loin les progrès des élèves (Payot). Le maître devra, après la correction, remédier aux défaillances respectives de la mémoire de chacun. Emploiera-t-il dans ce but la copie des mêmes textes, et les mêmes exercices de vocabulaire ? Cherchera-t-il des devoirs nouveaux, appropriés pour chaque élève aux fautes constatées dans son devoir ? Marquera-t-il simplement les fautes et fera-t-il copier plusieurs fois les mots corrigés ? Ce dernier moyen me paraît seul pratique, et M. Payot l’indique. Mais j’en déduis qu’il sera avantageux de répéter fréquemment cette chasse aux fautes d’orthographe, la dictée.

Nous retombons ainsi dans la vieille méthode. Et la dictée nous apparaît comme un exercice d’étude, non seulement parce qu’elle permet au maître de retrouver pour chaque élève les lacunes du premier enseignement, mais encore et surtout parce que, exigeant un effort d’attention plus grand que la copie, elle constitue un exercice de degré plus élevé. C’est d’ailleurs un exercice de même espèce : en effet, quand l’élève transcrit sur son cahier quelques mots qu’il a vus depuis très peu de temps, depuis un très petit nombre de secondes, il fait une copie : quand il transcrit des mots qu’il a vus depuis un temps beaucoup plus long, il fait une dictée.

Ah ! s’il était possible, en employant la copie et les exercices de