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Page:Revue pédagogique, année 1897.djvu/650

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REVUE PÉDAGOGIQUE

toute commune d’Algérie devra être pourvue d’écoles en nombre suffisant pour recevoir tous les garçons indigènes d’âge scolaire ». Il laisse comme précédemment au gouverneur le soin d’appliquer sur des points déterminés, et seulement aux garçons, le principe de l’obligation, mais il institue des commissions scolaires de notables indigènes pour concourir à l’exécution de la loi, veiller à la fréquentation, exercer un patronage sur les élèves. Il classe les écoles indigènes en principales, comprenant au moins trois classes et ayant à leur tête un directeur français ; élémentaires, comprenant moins de trois classes et dirigées par un instituteur français ; préparatoires, comprenant une seule classe et confiées à des adjoints indigènes ou à des moniteurs. En outre, des écoles enfantines et des écoles de filles pourront être établies dans les centres européens ou indigènes, lorsqu’elles seront demandées par l’autorité locale, d’accord avec la majorité des membres musulmans de l’assemblée municipale. Le décret dispose en termes formels (article 15) que dans toutes les écoles fréquentées spécialement par des indigènes « l’enseignement est donné suivant des programmes spéciaux ». Il n’est pas moins net sur le caractère pratique et professionnel de l’enseignement : « L’agriculture pratique et le travail manuel sont enseignés dans toutes les écoles » (art. 16) ; « dans les écoles de filles, les élèves consacrent la moitié du temps des classes à la pratique des travaux d’aiguille et des soins du ménage » (art. 18).

Ces mesures ne sont point demeurées infructueuses. De 123 à la fin de 1891, le nombre des écoles a été porté à 181, plus 12 écoles privées et 44 classes annexées à des écoles européennes ; l’enseignement est distribué aux enfants musulmans par 392 maîtres ou maîtresses, dont deux cinquièmes d’indigènes. L’effectif des élèves s’est élevé graduellement à 12,263 en 1892, 13,439 en 1893, 16,794 en 1894, 19,683 en 1895, 21,022 en 1896. Dans ce dernier chiffre figurent 1,760 filles, et il convient d’y ajouter les 3,260 auditeurs musulmans des cours d’adultes ; la population scolaire a donc à peu près doublé en cinq ans. Toutefois la moyenne d’accroissement annuel n’est guère que de 2,000 têtes, au lieu de 5,000 sur lesquelles comptait Burdeau. La faiblesse de cette progression tient à la lenteur avec laquelle s’opèrent les créations d’écoles. Pour exécuter le programme de