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Page:Revue pédagogique, année 1897.djvu/912

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LA DISPUTE
ÉPISODES DE LA VIE SCOLAIRE AU XVIIe SIÈCLE


Les recherches qui ont été faites sur différents points de la France nous ont édifiés sur l’organisation et la valeur des écoles et des établissements d’instruction qui existaient avant la Révolution ; mais je ne crois pas que les données certaines sur la valeur et le recrutement des maîtres soient fort nombreuses. On sait que les communautés des Alpes louaient chaque année leurs régents comme on loue les domestiques et les servantes. À l’entrée de l’hiver, des hautes vallées de l’Ubaye et de la Durance — pays de Barcelonnette, Vallouise et Briançonnais — descendaient aux foires de la Haute-Provence ceux qui cherchaient une condition pédagogique. Il y avait parmi eux une hiérarchie de savoir pittoresquement indiquée par leurs armes parlantes : ceux qui se chargeaient d’enseigner la lecture arboraient à leur chapeau une plume d’oie ; deux plumes annonçaient que le porteur était capable d’enseigner, en outre, l’écriture ; quant à celui qui en avait trois, — rara avis, soit dit sans jeu de mots, — il se croyait en état d’inculquer à ses élèves des connaissances supérieures… jusqu’aux quatre règles inclusivement !

Les choses se passèrent généralement ainsi pendant longtemps, et jusque dans les premières années du XIXe siècle, en ce qui concerne les petites écoles.

Pour les établissements d’enseignement secondaire, on ne se contentait pas à si peu de frais les régents acquéraient leurs chaires au concours, à la dispute, comme on disait alors. En parcourant les archives locales des villes qui possédaient un collège, on en a vite la preuve.

À Apt, en 1662, « le conseil a délibéré que le collège de la ville sera mis à la dispute pardevant monseigneur l’evesque et messieurs les consuls dans l’église cathédrale et lesdits consuls le feront savoir par lettres aux Pères Jésuites tant de la ville d’Aix que d’Avignon ».

À Digne, en 1684, « pouvoir est donné aux consuls de