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Page:Revue pédagogique, année 1919.djvu/292

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REVUE PÉDAGOGIQUE

ni de chimie. L’histoire, la géographie, ne leur offrant, en somme, que des documents de seconde main, ne peuvent donner matière à un travail véritablement personnel. Les élèves qui ont un goût décidé pour la musique et le dessin se créent sans difficulté une sphère d’intérêt où se retrouver elles-mêmes après le labeur du jour. Mais il y faut des dispositions particulières. La littérature s’ouvre davantage à tous ; sa technique est moins hermétique, du moins en apparence ; chacun peut se flatter d’y comprendre quelque chose ; et d’ailleurs, le verbe s’adresse d’abord à la raison, il est obligatoirement intelligible ; en outre, il a pour véhicule la lettre imprimée, le plus mobile, le plus insinuant outil de pénétration, presque immatériel et omniprésent. Une bonne bibliothèque littéraire française est, pour la plupart de nos élèves, le seul instrument possible de culture personnelle ; qu’en outre une littérature étrangère leur soit accessible, le profit est double, et même davantage, toute connaissance se multipliant indéfiniment par toutes les autres, comme les images dans les miroirs qui se font face.

Au surplus, il se trouve toujours un certain nombre d’élèves pour continuer, une fois sorties de l’École normale, l’étude d’une langue vivante ; il y en aurait davantage, si elles se sentaient en possession d’une base solide, et si elles avaient pris, dès l’école, l’habitude d’emprunter au fonds étranger de la Bibliothèque aussi facilement, aussi naturellement qu’au fonds français le livre de récréation du dimanche. Certes, l’étude d’une langue étrangère est plus qu’un délassement ; mais dussent nos élèves ne voir dans cette connaissance qu’un moyen de varier leurs lectures récréatives, qu’il vaudrait encore la peine de leur apprendre une langue vivante. Il faut ouvrir à leur imagination en quête d’aliments les sources vives qui sont à leur portée ; la langue étrangère en est une. Elle fournit des motifs d’intérêt indéfiniment renouvelables. Elle convient aux esprits de tout étage, du simple lecteur à demi paresseux au linguiste le plus érudit. Elle peut faire naître l’envie de voyager, le désir de s’instruire en d’autres branches ; c’est une étude féconde, qu’on n’a pas encore exploitée suffisamment dans nos écoles, à laquelle on n’a pas encore fait rendre tout ce qu’elle contient. La faute en est, en partie, à l’organisation actuelle, qui rejette en troisième année le travail