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NÉCROLOGIE

Angleterre, plus que quiconque il a contribué à la généraliser. Au départ de Jost, il devint inspecteur général dans l’ordre primaire ; il inspectait, comme chacun de ses collègues, tous les enseignements dans sa circonscription, mais, en outre, s’occupa spécialement de celui des langues vivantes sur tout le territoire. C’est le champ où il a beaucoup semé et où la récolte a levé.

II présida jusqu’à sa mort le certificat d’anglais. Il le réorganisa, renforçant les épreuves de français pour empêcher la spécialisation de s’exercer aux dépens de la culture générale. Posté ainsi à l’entrée, il veillait au choix et à la préparation des maîtres. Il les connaissait souvent, d’ailleurs, avant l’examen, les ayant guidés en Angleterre, conseillés dans leurs études. Et après l’examen, dans leurs classes, il les suivait avec une attention et une sympathie individuelles qui ne se démentaient pas. Ses collègues le croisaient parfois dans une ville de province, qui repartait le soir ou aux premiers trains du matin, entreprenant quelques cent kilomètres pour aller visiter un débutant, une jeune déléguée. Il les observait, se rendait compte de leur inexpérience et, aussitôt, saisissant lui-même la truelle, il se mettait à la besogne et leur montrait comment il s’y faut prendre.

D’un mot, il entendait tout naturellement l’exercice de sa fonction comme une direction pédagogique plus que comme une inspection. Et nous pouvons bien ajouter, pour en avoir souvent reçu le témoignage, qu’il était l’inspecteur qu’on voit venir avec plaisir. Pouvait-il être accueilli autrement, l’homme le moins guindé, le moins distant, sachant qu’on obtient plus par l’encouragement que par le reproche, et quand, tout de même, il fallait reprocher, allant » au fait si ouvertement et franchement qu’il n’y avait qu’à se rendre, sans rancune.

L’œuvre à laquelle a présidé Guillaume est solide. Quand on entre dans une première année d’École supérieure, l’enseignement de l’anglais paraît d’abord une paradoxale tentative. Ces petits paysans ou ces enfants du faubourg comment entreraient-ils dans une langue étrangère, quand ils ont de leur propre discours une (connaissance si peu analytique, l’oreille obtuse et la prononciation emprisonnée dans l’accent du terroir ? Cependant, en troisième année, on est surpris des progrès de l’élite et souvent à l’École normale on rencontre des élèves ayant passé