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Page:Revue pédagogique, année 1921.djvu/304

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Nécrologie : Raymond Sabatié.


La Revue Pédagogique est encore frappée cruellement. Après Guillaume, elle déplore la perte de Raymond Sabatié qui, durant une longue période, fut secrétaire de son Comité de rédaction.

Sabatié avait fait toute sa carrière dans l’administration. Il y entrait au ministère de l’Instruction publique, comme rédacteur ; quelques mois à peine avant sa disparition, il était appelé aux fonctions d’inspecteur général des économats de l’enseignement secondaire.

Partout il avait laissé sa marque. A la direction de l’enseignement primaire, il fut le secrétaire idéal. On sait les difficultés de ce poste, où il faut tout comprendre à demi mot, tout entendre, tout retenir, savoir parler et savoir se taire. Le secrétariat, c’est le carrefour où, incessamment, affluent les paperasses du dehors et du dedans. En ce temps-là le téléphone n’existait pas. Dans ce brouhaha ininterrompu, Sabatié se trouvait à l’aise. Sa finesse, son esprit alerte et souple, sa bonne humeur, sa résistance, qui ne laissait pas d’étonner sous des apparences aussi frêles, le servaient merveilleusement.

Ces qualités le désignèrent pour les postes les plus délicats de l’administration centrale, et, quand il fallut donner un successeur à Rochn, chef du bureau du personnel de l’enseignement secondaire, on pensa naturellement à lui. Pendant les nombreuses années qu’il y demeura, il put donner toute sa mesure. Là encore la tâche est délicate. Le temps n’est plus où l’on promenait les fonctionnaires, pions inertes, poussés sur l’échiquier, sans aucun souci de leur préférences ou de leurs attaches. Aujourd’hui, on propose un poste, plutôt qu’on ne l’impose et le maniement du personnel exige beaucoup de finesse et un sens psychologique aiguisé. Il exige aussi de la bonté. Sabatié réunissait ces qualités. Très sensible, très humain, il sympathisait aux vœux portés à sa connaissance. Pas un professeur n’était pour lui un anonyme. Combien l’ont vérifié, qui venaient appuyer les motifs de telle ou telle demande par un commentaire dépassant la discrétion forcée dune correspondance officielle ! Sabatié écoutait, souriait, vérifiait et retenait.