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REVUE PÉDAGOGIQUE.

travers commun à beaucoup de peuples. Il est peut-être plus sensible au delà de l’Atlantique qu’en deçà, parce que les États-Unis se sont élevés en puissance et en richesse tellement au-dessus de tous autres États de l’Amérique qu’ils ne voient rien dans leur voisinage qui approche d’eux et qu’étant placés loin de l’Europe, ils ne se comparent à elle que par certains points saillants, tels que le progrès de la population, la construction des chemins de fer, la liberté politique, sur lesquels ils se croient supérieurs. Ils répètent volontiers qu’ils ne sont pas, comme les Européens, gênés dans leur développement par les limites d’un territoire trop étroit et par les traditions, les intérêts ou les résistances du passé ; mesurant leur croissance dans l’avenir à celle qu’ils ont eue depuis un siècle, ils espèrent, à l’époque de leur second centenaire, faire presque équilibre à l’Europe par le nombre de leurs habitants et ils ont assez de confiance en eux pour croire que le nouveau monde est appelé non-seulement à former le contre-poids de l’ancien monde par sa puissance politique et économique, mais à fournir un jour le type de la régénération de l’humanité. Cette vanité, qui s’exprime parfois avec beaucoup de naïveté, repose sur des prétentions excessives sans aucun doute. Elle n’est pas absolument dénuée de fondement ; il est certain en effet que la nation américaine, avec son mélange de qualités et de défauts, constitue une civilisation originale dans laquelle on peut trouver plus d’un modèle et qui est toujours digne d’étude comme une des plus curieuses manifestations de la vie sociale.

Le système d’éducation n’est pas un des côtés les moins originaux de cette société. Les prétentions des Américains ne les ont pas empêchés, sur cette matière comme sur beaucoup d’autres, de profiter des leçons de l’Europe et de