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L’INSTRUCTION PUBLIQUE AUX ÉTATS-UNIS.

une grande nation, remarquable par la vigueur de sa sève, mais qui est trop jeune et dont la croissance a été trop rapide pour que l’équilibre ait pu jusqu’ici s’établir dans toutes les parties de l’organisme social et qui par conséquent, à côté de grandes qualités, a de grandes imperfections. Il faut avoir des yeux pour les unes et pour les autres, et ne pas s’arrêter à un détail pour dire : « Ceci est excellent » ou « ceci est absurde et serait inapplicable chez nous ; nous faisons bien mieux ». Il est nécessaire d’envisager l’ensemble afin de comprendre la relation des diverses parties entre elles et leur raison d’être.

Une nation n’est pas un assemblage de morceaux rapprochés au hasard ; c’est, comme je le disais, un organisme dont il faut avoir pénétré le secret par une étude attentive avant de se faire une idée du jeu de chaque organe en particulier et de juger ces organes. Chacune des pièces de ce mécanisme vivant peut-elle être appliquée à un autre mécanisme, ou, en d’autres termes, une institution qui donne de bons résultats dans un pays, peut-elle être, telle quelle, introduite dans un autre pays ? Pas toujours, je dirai même rarement, s’il s’agit d’une institution liée d’une manière intime aux mœurs et à l’histoire de la nation. Mais il est toujours utile de l’étudier et de la rapprocher des institutions analogues de son propre pays. La connaissance des institutions d’une grande nation est intéressante par elle-même pour tout esprit cultivé, et avec la comparaison résultent toujours des enseignements profitables aux deux peuples que l’examen rapproche. C’est après une étude de ce genre que nous nous proposons d’indiquer sommairement dans un premier article le caractère du système d’éducation aux États-Unis.