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REVUE PÉDAGOGIQUE.

tiellement des nôtres. La France a conquis peu à peu l’unité à travers les luttes de la royauté contre la féodalité. Quand, en 1789, elle a supprimé le régime féodal qui, annulé comme pouvoir politique, formait encore le fonds de notre droit civil, elle s’est appliquée à fortifier l’unité nationale, en même temps qu’à constituer le droit nouveau sur le double principe de la liberté et de l’égalité. L’idée d’unité est profondément enracinée dans l’esprit français ; _elle est une des forces de notre nationalité et même, dans la constitution actuelle de l’Europe, une nécessité ; elle n’est pas d’ailleurs incompatible avec les développements divers de la liberté individuelle et de l’association, j’ajouterai même, avec une certaine dose d’autonomie départementale et communale. L’unité s’’accommode ainsi au gouvernement républicain comme au gouvernement monarchique, et elle restera, sous la république, un des caractères dominants de la Constitution française.

Les États-Unis se sont formés par l’association libre des treize colonies qui, en s’unissant, n’ont prétendu déférer au gouvernement central que la part d’autorité nécessaire pour le maintien de la confédération, Elles-mêmes étaient composées de colons dont les pères avaient apporté. pour la plupart de la mère patrie les habitudes d’indépendance de la race anglo-saxonne et qui avaient, en rédigeant le pacte social, nettement circonscrit les limites du pouvoir gouvernemental. Le mode d’agrégation des éléments sociaux dont se compose la nation américaine a été, en quelque sorte, inverse du nôtre.

Aussi, quelques sacrifices que les Américains aient faits à l’unité, notamment dans la guerre de sécession, ils reconnaissent un principe qui domine celui-là de beaucoup : le principe de la liberté individuelle, et, par suite,