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REVUE PÉDAGOGIQUE.

Cette dernière donation a été généralement bien accueillie, bien qu’elle ait une affectation spéciale. Mais les États ont conservé l’entière liberté de disposer, comme ils l’entendraient, de la part qui leur est allouée. Un certain nombre de pédagogues ont vu cependant dans cet acte un premier pas fait par le Congrès dans la voie de l’intervention directe ; plusieurs y ont applaudi, pensant qu’ils y trouveraient un secours puissant pour remédier à certains vices de l’organisation actuelle et pour stimuler ou diriger avec intelligence le zèle des communes. Toutefois, deux propositions faites au Congrès, l’une par M. Hoar, en 1871, pour « rendre obligatoire l’établissement d’un système complet d’instruction publique dans toutes les parties de l’Union », l’autre par M. Perce, en 1872, pour établir un fonds que le gouvernement répartirait à titre de subside entre les États, à la condition que ces États fourniraient régulièrement la statistique de leurs écoles, ont été repoussées.

Les mœurs politiques de l’Amérique répugnent à cette ingérence du pouvoir central dans les affaires particulières des États ; elles lui permettent d’être libéral ; mais elles lui interdisent de se faire directeur ou contrôleur. Il est impossible, surtout à un Français, de ne pas être frappé de ce qu’il y a d’excessif dans cette répugnance qui ne permet pas même à l’État fédéral d’exercer les droits d’un donateur privé, et de ne pas croire qu’un jour viendra où l’on se relâchera quelque peu de cette rigidité fédéraliste, sans compromettre la liberté. Mais, en attendant, il faut que les pédagogues, en Amérique comme dans tout pays, se plient aux mœurs et aux institutions de leur nation. Le gouvernement fédéral peut, si la direction lui est interdite, agir encore utilement par les dons et par les conseils. Nous verrons plus loin ce qu’il fait depuis quel-