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LES ÉCOLES EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER.

tiaire, de lavabo, de réfectoire, de salle de réunion et de récréation… Si c’est son tour de corvée, c’est-à-dire si, suivant la coutume en usage dans certains établissements, c’est à lui d’assurer la propreté de l’école, il entre bien vite en fonctions, et, aidé de quelques camarades, arrose, balaie, époussette avec plus ou moins de conscience, allume les poêles et prépare les lampes.

Pendant ce temps les élèves s’assemblent dans le préau. En arrivant, chacun suspend sa coiffure, son double vêtement, à un porte-manteau au-dessus duquel règne un long rayon destiné aux paniers.

Il fait un froid glacial dans cette grande salle ; depuis deux ans, à peine, les préaux des écoles de Paris sont clos ; ils étaient auparavant ouverts sur toute une de leurs faces.

Ces enfants, pour la plupart, auraient besoin de se laver les mains et la figure, de se peigner et de se brosser ; il y a bien des lavabos là-bas, au fond du préau, mais cette eau froide leur fait peur ; puis ils n’ont-ni savon, ni serviettes ; ils se pelotonnent ou jouent pour se réchauffer en attendant l’heure de la classe.

Dans les campagnes, la situation est autre, je ne veux pas dire meilleure ; les enfants ont souvent deux, trois, quatre kilomètres à parcourir pour gagner l’école du chef-lieu de la commune, car les écoles de hameau sont encore bien rares. Pour arriver à l’heure, les pauvres enfants se mettent en route avant le jour ; les plus grands prennent la tête, portant une lanterne et des bâtons, et la petite troupe, filles et garçons, fait bravement son chemin. Habitués à vivre au grand air, les enfants de la campagne supportent vaillamment les fatigues physiques, les variations du chaud et du froid ; le temps d’école est, pour eux, moins pénible qu’il ne l’est pour les enfants des villes ; dans la belle saison, il ont l’espace, les champs, le salutaire exercice des longues promenades et les fraîches soirées pour se reposer de la chaleur du jour, toutes compensations refusées à l’écolier des villes.

Les Anglais possèdent une sorte d’école que nous ne connaissons pas, les ragged schools, école de déguenillés. Le nom donne idée de la chose, et cependant l’imagination reste