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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SUPÉRIEUR.

lauréat ne sont pas nécessaires ? Elles sont autres, mais non plus professionnelles que les colléges classiques qui déversent également leur clientèle dans toutes sortes de professions[1]. Pourquoi donc le mot professionnel est-il entré si facilement dans l’usage ? C’est que, comme on n’analyse guère, qu’on juge en gros, sur les apparences, on établit volontiers un rapport direct, étroit, entre le mot profession et les degrés inférieurs du commerce et de l’industrie, dont les écoles professionnelles fournissent le personnel, tandis que ce rapport échappe s’il s’agit des lycées et des collèges, dont la clientèle est censée se vouer seulement aux carrières dites libérales, mot qui n’a plus de sens net, mais n’a pas perdu son ancien prestige. Ces distinctions ne reposent plus sur rien de solide. Si le comptable, le commis de rayon, le voyageur, le marchand de détail, lé dessinateur industriel, le petit fabricant, etc., exercent des professions, de quel autre mot se servir pour le négociant, le banquier, le constructeur, l’ingénieur, l’avoué, l’avocat, etc. ? Dira-t-on qu’ils exercent des sacerdoces ? Tous les modes d’emploi de l’activité humaine aboutissent en somme à des professions, et toutes peuvent être tenues avec honneur. Que celles qui sont désintéressées par leur nature même, et ne donnent à l’homme que le nécessaire de la vie, comme l’armée, la magistrature, l’enseignement, soient entourées d’une certaine considération particulière, c’est justice ; mais il n’est ni juste ni libéral de distinguer entre les professions et d’affecter exclusivement le mot à celles qui sont d’un degré

  1. On peut dire que cet enseignement rapproche plus ses élèves de la profession qu’ils doivent embrasser que les études classiques ; qu’il abrège par conséquent l’apprentissage indispensable au début de toute profession. Mais ce n’est pas ainsi que le mot fut interprété, ni par ce côté qu’il fit fortune.