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REVUE PÉDAGOGIQUE.

mutuels entre les langues que l’adoption des choses entraîne celle des mots qui les expriment. Je ne sais s’il Y a eu chez les Allemands les mêmes débats que chez nous, ou s’ils acceptent plus bonnement les dénominations qui naissent des circonstances, mais les noms d’écoles réelles, d’écoles bourgeoises, n’auraient pu être importés en France et naturalisés. L’expression d’études réelles, c’est-à-dire qui portent sur les réalités, les faits, en opposition avec les études classiques, ayant pour domaine exclusif les idées, les théories, cette expression n’eût marqué qu’une antithèse prétentieuse et fausse. Aucun enseignement ne se passe de faits, aucun de théorie. En Allemagne même, le mot, créé au début du xviiie siècle, mot de combat pour ainsi parler, n’est plus depuis longtemps la formule de l’enseignement qu’il désigne[1]. Quant aux écoles bourgeoises, elles répondent à des idées de classement social auxquelles on répugne invinciblement en France. Nous subissons bien des classes de fait, parce qu’elles s’imposent, mais nous ne voulons pas qu’elles soient comme affichées. Le brevet de bourgeoisie, qui peut encore être tenu à honneur en Allemagne et en Suisse, serait chez nous plutôt repoussé qu’envié. On veut bien être marchand, fabricant, artiste, on s’honore parfois de la qualification d’ouvrier, mais personne n’accepte d’être un bourgeois. Les mêmes répugnances eussent accueilli le mot d’écoles moyennes qui s’est établi en Belgique. Moins que l’Allemagne, l’Angleterre était en mesure de nous fournir un nom heureux. En général, on y indique par les mots d’enseignement anglais ou moderne le système qui tend à modifier ou à remplacer la pure instruction

  1. Voy. Michel Bréal, la Realschule et les écoles Turgot. Revue des Deux Mondes du 15 juin 1875.