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REVUE PÉDAGOGIQUE.

se faire, c’était l’accession de la bourgeoisie intelligente et aisée au niveau d’où l’on voit devant soi, où l’on se sent libre, et les justes exigences du Tiers, justes en ce qui le regardait, ne signifiaient pas autre chose. Cherchez au delà, vous verrez, peut-être, non sans surprise, en quel petit nombre étaient les esprits inquiets du véritable équilibre social ; combien peu surtout, parmi les meilleurs, avaient l’intuition de la question économique qui allait surgir et de laquelle dépend le sort de cette base imposante qui entretient, soutient la nation et qui l’alimente.

Dans les anciennes classifications, soit même au moment dont nous parlons, on eût tout au plus qualifié de Quart-État cette vaste assise des travailleurs salariés et l’on allait, sans transition, reconnaître qu’elle pesait bien dans l’État pour les trois quarts. C’est ainsi que, malgré les convulsions en germe qui se trahissent dans la suppression des maîtrises ou jurandes en 1776 et leur rétablissement presque simultané, malgré les énormités que présentaient les contrats d’apprentissage[1], il fallut l’explosion de 1789 pour mettre une première fois en lumière directe la question dite aujourd’hui du Travail. C’est le 13 février 1791 que les maîtrises, jurandes et corporations disparaissaient définitivement pour faire place aux patentes, que naissait par conséquent la liberté du travail, mais, en même temps aussi, une sorte de devoir national nouveau envers la jeunesse nouvellement émancipée, et c’est le 11 septembre de cette

  1. Nul ne pouvait être apprenti s’il ne justifiait de sa qualité d’enfant légitime et de catholique, s’il ne s’engageait à payer de 400 à 1,400 francs à son maître et à lui abandonner jusqu’à six années de son travail. Il y avait un greffe des apprentissages où le contrat était enregistré.