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REVUE PÉDAGOGIQUE

tomes, et son Faramond, qu’il était en train de conduire au quinzième tome, quand il mourut. On fut consolé de cette perte par Mlle de Scudéri : le Grand Cyrus, la Clélie firent les délices de ses contemporains.

Notre Pauline dévorait ces romans, et sa grand’mère, qui les avait tous lus et relus, qui les relisait encore peut-être, n’osait pas trop l’en blâmer : « Je ne veux rien dire sur les goûts de Pauline ; je les eus avec tant d’autres que je n’ai qu’à me taire. Il y a des exemples des bons et des mauvais effets de ces sortes de lectures : vous ne les aimez pas, vous avez fort bien réussi ; je les aimais, je n’ai pas trop mal couru ma carrière ; tout est sain aux sains, comme vous dites. Pour moi, qui voulais m’appuyer dans mon goût, je trouvais qu’un jeune homme devenait généreux et brave en voyant mes héros, et qu’une fille devenait honnête et sage en lisant Cléopâtre. Quelquefois il y en à qui prennent un peu les choses de travers ; mais elles ne feraient peut-être guère mieux, quand elles ne sauraient pas lire : quand on a l’esprit bien fait, on n’est pas aisée à gâter ; Mme de la Fayette en est encore un exemple. Cependant il est très-assuré, très-vrai, très-certain que M. Nicole vaut mieux. Cela posé, je vous conjure, ma chère Pauline, de ne tant tourner votre esprit du côté des choses frivoles, que vous n’en conserviez pour les solides : autrement votre goût aurait les pâles couleurs. » (6 novembre 1689.)

Le confesseur de Pauline n’eut point, paraît-il, la même indulgence que sa grand’mère. En expiation de ses lectures de romans, aggravées encore par celle du Pastor fido (de Guarini), de l’Aminta (du Tasse), de la Philli di Sciro et des comédies de Corneille, elle dut, pour pénitence et édification, lire les Oraisons du P. Cotton, et sa mère les lisait