Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1878.djvu/529

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et qui devraient se trouver entre les mains de toutes les directrices de pensionnat, de toutes les institutrices et de toutes les mères.

« Il y a dans tout ce qu’elle dit, écrit une de ses élèves, une grandeur, un agrément, une solidité, une douceur et une noble simplicité qu’on ne peut expliquer. C’est le langage de la sagesse, ajoute Fénelon, qui parle par la bouche des grâces. » Elle était non-seulement versée dans l’art de l’éducation, mais encore dans l’art si difficile de se mettre à la portée des jeunes intelligences. « Vous me demandez que je vous instruise sur les classes, dit-elle à ses maîtresses : l’expérience et la réflexion vous en apprendront plus que je ne saurais vous en dire. C’est moins l’esprit qui m’a appris ce que j’en sais, que ce que j’en ai expérimenté moi-même dans le temps que j’élevais les princes. »

Une maîtresse lui ayant demandé s’il fallait absolument interdire aux demoiselles l’histoire de France, « Il est juste de connaître les princes de sa nation, répondit-elle, et d’en savoir suffisamment pour ne pas brouiller la suite de nos rois et leurs personnes avec les princes des autres empires, dont il convient aussi qu’elles aient une légère connaissance, pour ne pas prendre un empereur romain pour un empereur de la Chine ou du Japon, un roi d’Espagne ou d’Angleterre pour un roi de Perse ou de Siam ; mais tout cela sans règle et sans méthode, et seulement pour n’être pas plus ignorantes que le commun des honnêtes gens. »

Cette instruction peut paraître d’une rigidité excessive. Il faut ajouter qu’elle a été donnée à un moment où Mme de Maintenon essaya de réformer l’éducation de Saint-Cyr qui fut, dans l’origine, superficielle et mauvaise et, où, passant d’un excès à un autre, elle proscrivit les choses les plus innocentes. Toujours est-il que les élèves apprenaient l’histoire dans l’Abrégé de l’abbé Ragois, et surtout par les leçons de vive voix.