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REVUE PÉDAGOGIQUE.

En ce qui regarde les livres de lecture courante, il y en a beaucoup de bons ; cependant il n’y en a pas de parfaits, et l’on aimerait à voir les meilleurs maîtres présenter le plan d’un livre de lecture, tel qu’ils le conçoivent d’après l’expérience qu’ils ont des besoins de l’enseignement sous ce rapport.

À cette question de la lecture se rattache celle des bibliothèques scolaires. Il serait embarrassant pour les instituteurs de dresser une liste des ouvrages qui méritent le mieux d’y figurer, attendu qu’il ne leur est guère possible de connaître la multitude des écrits entre lesquels devrait se fixer leur choix. Mais ils peuvent du moins indiquer vers quelles lectures se portent de préférence les goûts des enfants et, s’il y a lieu, des familles. On a cru, par exemple, qu’il fallait combler ces bibliothèques d’ouvrages d’agriculture, et il s’est trouvé que presque personne ne les demandait. Il importe donc, sans toutefois faire de concessions à des goûts futiles, de concilier l’agrément avec l’utilité. Les maîtres peuvent à cet égard, d’après l’usage qui est fait de la bibliothèque de leur école, émettre des observations bonnes à recueillir. La plupart des campagnards, et même des ouvriers des villes, une fois sortis des bancs de la classe où du cours d’adultes, n’écrivent plus guère, n’ayant que peu d’occasions de s’y exercer, et leurs doigts, souvent endurcis par de rudes travaux, en perdent peu à peu l’habitude. Mais ils aiment toujours à lire. S’ils avaient sous la main quelques ouvrages vraiment intéressants, ni trop sérieux, ni trop romanesques, ne seraient-ils pas portés à en profiter ? Dans les villages d’Allemagne, c’est assez ordinairement, avec la Bible populaire et un recueil de chants, le livre de classe lui-même qui forme la petite bibliothèque du foyer rural. Ce livre