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L’EXPOSITION UNIVERSELLE.

Quoi qu’il en soit, et en attendant que nos habitudes ou nos lois aient porté remède à ce fatal état de choses, les bons maîtres s’efforcent néanmoins d’obtenir tous les résultats que comportent des conditions aussi désavantageuses. Or, plus ces conditions sont difficiles, plus il importe que leur méthode soit précise, sûre et féconde, utilisant le mieux possible le peu de temps dont ils disposent et ne s’attardant pas à des procédés surannés. C’est cette méthode que, en tant qu’exposants, ils ont à faire connaître, sans omettre de mentionner les résultats obtenus, les chants appris, les appareils auxiliaires dont ils se servent.

Dans les salles d’asile les petits enfants, à un signal donné, se mettent à entonner en musique 2 fois 2 font 4, 2 fois 4 font 8, 8 fois 3 font 9, etc. ; toute la table de Pythagore se chante ainsi en chœur. Je ne serais pas trop d’avis de transporter dans les écoles cette méthode, qui m’a toujours semblé bizarre ; il n’est pas impossible, je crois, de trouver, même dans les recueils déjà publiés, des mélodies d’un genre simple, où la phrase musicale s’adapte à des pensées et à des sentiments qui conviennent à l’enfance. Il s’agit surtout d’exhausser le niveau moral sans dépasser le niveau intellectuel. Faire servir la musique à l’instruction est un contre-sens, car la musique s’adresse à l’âme bien plus qu’à l’intelligence ; elle est, du moins elle doit être, avant tout, un instrument d’éducation de la sensibilité, échauffer le cœur et faire vibrer en lui les plus nobles cordes. Les Allemands ont un chant populaire qu’ils appellent la Sentinelle sur le Rhin, je l’ai malheureusement entendu jouer et chanter bien des fois ; il est grave et pathétique, simple pourtant et assez facile pour être appris dans toutes les écoles. Qui peut dire combien