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L’EXPOSITION UNIVERSELLE.

Mais, quand il interrogeait l’auteur du chef-d’œuvre sur la nécessité et l’emploi de tous ces organes mécaniques, sur leur corrélation et leur dépendance réciproque, sur le nom même de chacun d’eux, l’écolier restait muet. Ce serait donc une chose bien utile que de faire inscrire par l’élève, au bas de son dessin, une petite explication, par laquelle on pût juger qu’il a compris ce qu’il dessinait.

Un autre point bien essentiel serait de présenter, non-seulement des dessins au compas et à la règle, mais aussi et surtout des dessins d’objets réels faits à main levée. Jaime mieux l’élève qui trace à vue le contour d’un chandelier, le port d’une fleur, la forme d’un pupitre, que celui qui passe des semaines à copier péniblement des engrenages multiples, des chapiteaux à feuille d’acanthe, des tourelles gothiques. Les petits dessins à main levée habituent l’enfant à saisir le rapport des lignes et des angles avec le plan visuel des objets, ils l’exercent à avoir du coup d’œil et le sentiment des proportions : si modeste figure qu’ils fassent à côté de leur ambitieuse rivale, la savante épure, ils seront les bien venus.

Ce dessin naturel n’est pas, au surplus, dépourvu lui-même d’une certaine science géométrique, et ce serait se faire une étrange illusion que de le croire subordonné aux seules inspirations du coup d’œil. Un bon maître sait au contraire faire comprendre aux enfants la valeur expressive des lignes suivant leurs inflexions diverses, comme aussi suivant les différents degrés de force du trait qui les accuse, Une simple ligne, diversement infléchie, fait une lèvre rieuse ou chagrine ; un trait plus ou moins accusé traduit dans tel ou tel aspect les dentelures