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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/15

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REVUE PÉDAGOGIQUE

beaucoup, et répondait avec vivacité aux questions des autres. » Il dit aussi que tous peuvent envoyer leurs enfants aux écoles publiques ; mais qu’il n’y a cependant que les citoyens en état de nourrir les leurs sans travail qui les y envoient, et que les autres les gardent chez eux. La connaissance des mœurs et des préjugés de la Grèce, et surtout du peuple que Xénophon admirait tant, explique cette singulière distinction. À la pratique de la justice ajoutons l’exercice de l’arc et du javelot, l’enseignement de la tempérance par l’exemple des vieillards, et extrême simplification de la nourriture, qui se compose de pain et de cresson, nous aurons l’éducation entière des enfants perses. Xénophon la trouve complète et fait monter ceux qui l’ont reçue dans la classe des adolescents.

Pendant les dix années que comprend cette classe, les adolescents passent la nuit auprès des tribunaux ; ils les gardent et on s’assure ainsi de leur sagesse : excellent moyen pour prévenir les folies de la jeunesse, mais qui indique peu de confiance en elle, et un grand mépris de la liberté. Quand le roi se rend à la chasse, il prend avec lui la moitié des adolescents ; car les Perses font de la chasse un exercice public, et la regardent comme un véritable apprentissage du métier de la guerre. Les adolescents ne mangent pas tant qu’elle dure, dussent-ils ne faire qu’un seul repas en deux jours ; leur nourriture se compose du gibier qu’ils ont tué ; sinon ils sont réduits au cresson dont ils ont pris l’habitude pendant leur enfance. Quant à ceux qu’on a laissés en ville, ils s’exercent à l’arc et au javelot, ou sont employés à la poursuite des malfaiteurs et aux entreprises qui demandent de la vigueur et de la célérité[1].

  1. Cyrop, l. I, ch, 2.