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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/225

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

plantes, la production finale dépend de la direction qu’on a donnée aux premières pousses. Il en est de même pour les animaux et pour les hommes. Bien que l’homme soit naturellement doux, néanmoins lorsqu’à un heureux naturel il joint une bonne éducation, il devient le plus doux des animaux, le plus approchant de la divinité ; au lieu que, s’il n’a reçu qu’une éducation insuffisante ou mauvaise, il devient le plus farouche des animaux que produit la terre. C’est pourquoi le législateur doit faire de l’institution des enfants le premier et le plus sérieux de ses soins. S’il veut s’acquitter convenablement de ce devoir, il commencera par jeter les yeux sur le citoyen le plus accompli en tout genre de vertu, pour le mettre à la tête de l’éducation de la jeunesse[1].

L’attention se portera d’abord sur les soins que le corps réclame. Il faut qu’il se développe avec une parfaite régularité dès la plus tendre enfance ; ce premier développement est le plus important. Aussi le législateur croit-il pouvoir descendre jusqu’à donner ses prescriptions aux nourrices. Platon recommande l’usage du maillot, contre lequel Rousseau proteste si énergiquement dans l’Émile. Pendant les premiers mois, les nourrices doivent envelopper l’enfant de langes et le porter dans leurs bras jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour se tenir debout ; alors même, prendront-elles de grandes précautions, dans la crainte qu’il ne se contourne le pied en l’appuyant avec effort[2]. Elles le berceront à chaque moment du jour et de la nuit. « S’il était possible, il faudrait que l’enfant fût toujours à la maison comme un bateau sur la mer… Les nourrices savent par expérience

  1. Lois, p. 181.
  2. Ibid, p. 210.