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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/327

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

philosophe des rapports de la musique avec l’éducation. Cependant la Morale et la Politique nous fournissent assez de documents pour que nous puissions établir avec quelque certitude les principes de la doctrine péripatéticienne en matière de pédagogie.

Avant d’avoir lu ces deux traités, la seule biographie d’Aristote nous ferait préjuger en faveur d’une compétence supérieure à celle de Platon. L’éducation qu’il reçut jusqu’à dix-sept ans de son père Nicomaque, médecin du roi de Macédoine Amyntas II, dut présenter, à cause de la profession même du père, certains caractères spéciaux qui n’échappèrent pas à la sagacité de l’enfant. Des mains de Nicomaque, il passe dans celles de Proxène d’Atarnée, qui continua certainement à l’élever avec sollicitude, puisque Aristote conserva pour lui une grande reconnaissance[1]. Il épouse plus tard la fille de son bienfaiteur, le tyran Hermias ; il vit avec elle dans une union parfaite[2], il en a plusieurs enfants, et, ce qui montre un goût assez vif pour l’enfance, il adopte encore le fils de son tuteur Proxène. La mort de sa première femme laisse dans ses affections un trop grand vide : il le comble en épousant une de ses esclaves, Herpyllis, dont son testament fait encore mention dans des termes attendris ; elle lui donne un nouveau fils, Nicomaque, à qui la Morale est adressée. Si Platon connut la jeunesse pour avoir vécu avec elle, lorsqu’il était disciple de Socrate, et lorsqu’il eut fondé lui-même une école de philosophie, il n’eut pas cette connaissance intime qu’on ne peut acquérir qu’autour du foyer domestique, et qui, pour être complète, doit être

  1. Voir le testament d’Aristote, rapporté par Diogène Laërce.
  2. Ibid.