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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1879.djvu/380

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faut qu’ils soient dès l’enfance habitués à ce genre d’existence et, qu’après un séjour à la ville, ils ne demandent qu’à retourner aux champs. Les élèves des écoles normales, filles et garçons, doivent donc se recruter, partie parmi les campagnards, partie parmi les citadins, et cette nécessité rend peut-être un peu difficile la transformation des écoles normales en simples externats. Cette transformation n’offrirait à l’égard des garçons que des avantages. Ils sont pour la plupart, quand ils entrent à l’école normale, en âge de savoir se conduire ; les plus jeunes pourraient facilement s’installer dans une pension ou dans une famille et se trouveraient dans la situation de tous les jeunes gens suivant les cours des facultés. Le paiement des bourses s’effectuerait en argent au lieu de s’effectuer en nature. Ces jeunes gens feraient ainsi un utile apprentissage de la vie et de la liberté ; ils apprendraient de bonne heure à être responsables de leurs actes et à en supporter les conséquences ; pendant trois ans, à l’âge où se forment le cœur et l’esprit, ils apprendraient à compter sur eux et sur eux seuls pour éviter les ornières du chemin ou en sortir s’ils s’y laissaient tomber. Ce serait certes là un meilleur milieu pour leur développement physique et moral qu’une réclusion forcée entre quatre murs, sous la surveillance d’un maître dont la constante présence ôte au jeune homme toute initiative et toute personnalité.

Ces considérations sont très-sages ; mais, objectera-t-on sans doute, leur application ne donnera peut-être pas dans la pratique les résultats attendus. Les élèves des écoles normales ne sont pas, il faut le reconnaître, des jeunes gens d’une intelligence encore très-développée ; leur éducation est à peine ébauchée ; il serait fort à craindre qu’ils