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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1880.djvu/135

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LES ÉCRIVAINS PÉDAGOGUES DU XVIe SIÈCLE


S’il est vrai que l’éducation exerce sur un peuple une grande influence dont les effets, pour être quelquefois lents à paraître, ne sont pas moins sûrement produits, il est également vrai que les doctrines et les pratiques de l’éducation portent l’empreinte du temps et du milieu social. Tout un ensemble de croyances, de mœurs, de coutumes, de manières de voir et de sentir sont exprimées à chaque époque dans le régime scolaire qui, à ce moment, est en vigueur et communément accepté. Tout changement survenu dans le fond des croyances, des mœurs, des coutumes, des manières de voir et de sentir, se traduira par des protestations contre un système d’éducation devenu suranné et par un remaniement, tant des méthodes et des programmes d’enseignement que du régime disciplinaire ou économique des écoles.

L’histoire morale de l’humanité est écrite dans l’histoire de l’éducation publique, avec ce retard de quelques années qu’il y a toujours entre l’idée qui se produit et l’idée qui se réalise dans les faits, entre le besoin nouveau senti et ce besoin satisfait. C’est que, par l’éducation, on forme des hommes et que la manière dont on les forme est tout autre suivant la conception qu’on se fait de l’homme et de sa destination, suivant la façon dont on envisage chez l’homme deux choses : la nature et l’esprit.

La Renaissance, qui fut une grande transformation intellectuelle et morale, opéra dans l’éducation un changement profond. Parce que le seizième siècle comprend l’homme et la vie autrement que le moyen âge ne les avait