d’esprit, assez confiant pour marcher sans escorte, il était mieux qu’aucun de ses devanciers préparé et destiné au succès.
Le départ pour le nord en 1849 fut patriarcal ; Livingstone emmène sur un char à bœufs sa femme et ses enfants : deux touristes, ses amis, l’accompagnent, AM. Oswell et Mungo-Murray. Ce n’est point l’appareil d’une expédition, et rien ne peut effrayer, ni même inquiéter les naturels. À Kehokotsa, il rencontre les sources d’une grande rivière, la Zouga, qu’il suit jusqu’à un grand lac dont elle est tributaire. Ce lac Ngami, vu pour la première fois par des Européens le 1 août 1849, est situe sur le 21° de latitude sud et le 21° de longitude est. Il est très étendu, mais peu profond. Son eau est douce, comme celle de tous les lacs de l’Afrique équatoriale, quand elle est haute : elle est saumâtre, dès qu’elle est basse ; le pays tout autour est vraiment beau. À la Zouga se joint en amont du lac une forte rivière, le Chobé, qui est lui-même grossi du Tso, un des bras du Téoghé. Au reste le Téoghé et le Tso ne sont que les deux bras de l’Embarras, rivière qui vient du nord-ouest. Autour du lac des rivières se groupent quelques petits étangs salés, La saison étant avancée, on revint à Koloheng pour repartir en avril 1850 ; la mouche tsetsé, qui n’est pas plus grosse qu’une mouche ordinaire, mais dont la piqûre est mortelle pour les bœufs et Les chevaux, détruisit les attelages : il fallut se retirer. Le troisième départ fut plus heureux, et grâce à un bon guide Bamangouato, le docteur gagna Le Chobé à Linyanti et fut reçu par le roi Schitouané. Ce roi puissant commande à plusieurs peuples : Makololos, Barolsès, Balakus. Bashoukoulampos, Banyéüis, Balobalès ; il les soumet à un dur régime, mais ne les opprime pas, et surtout il ne les livre pas à l'esclavage. Ils sont plus heureux que leurs voisins du nord, comme le remarque Livingstone. Mais d’autres soins occupent le docteur : ces indigènes parlent de grosses rivières qui coulent dans le nord avec des directions différentes, et de grosses montagnes qui les alimentent. Seraient-ce les hauts cours de ces grandes rivières dont on ne connaît que les bouches l’Ogoouë, le Congo, le Zambèze ? Le génie de l’exploration, qui était resté jusqu’alors caché dans l’âme du missionnaire, se révèle soudain ; l’Afrique équatoriale, qu’on croyait sèche et