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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1881.djvu/25

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UN CRITIQUE DE ROUSSEAU
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pour « entrer dans ce système d’éducation » et pour y démêler tout le bien qui s’y trouve mêlé avec le mauvais.

Il lui reste le mérite d’avoir porté l’un des premiers un jugement motivé et détaillé sur l’Émile. Ce n’est ni un pur pédant, ni un arriéré tout à fait intraitable, ni un honnête imbécile qui se scandalise naïvement ; c’est à tout le moins un satisfait, un juste-milieu, dirions-nous, qui raisonne son optimisme et qui fait aux nouveautés bonnes ou mauvaises une opposition tracassière au nom du sens commun, de l’autorité et de la bonne police. Rousseau, pour qui le mieux est l’ennemi du bien, Rousseau, pénétré de son pessimisme social et d’un esprit révolutionnaire, plein de ses propres idées, passionné pour sa conception, aveuglé sur ses bévues par l’éclat des vérités neuves qu’il met au jour, Rousseau appelle naturellement le sens commun préjugé, l’autorité tyrannie, la bonne police oppression, et de Fermey un « esprit borné », en propres termes, L’Anti-Émile dut lui apparaître comme un bréviaire d’erreur et de routine, où se ramassaient sous une forme agressive et militante toutes les idées, tous les sentiments auxquels sa misanthropie avait juré une terrible haine.