Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1881.djvu/524

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
514
REVUE PÉDAGOGIQUE

conscience de tout homme ; les règles en sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain, qui sont une seule et même chose : l’amour de la justice, La sanction s’en trouve dans la solidarité qui lie non seulement toutes les parties du corps social, individus et familles, mais encore toutes les générations passées, présentes, futures, et fait retomber fatalement des unes sur les autres les conséquences des bonnes et des mauvaises actions[1].

Enseigner ces principes si profondément humains, montrer ainsi une nation pour laquelle l’idée de Dieu, celle de la justice et de la loi se confondent ; où l’autorité est l’’émanation du peuple, l’égalité la base de l’État et de la famille ; où toutes les institutions, surtout le culte, sont subordonnées à la morale ; où enfin individus et familles, chefs et nation, portent la responsabilité de leurs actes, c’est apprendre à la jeunesse, à l’heure unique où l’esprit reçoit des impressions ineffaçables, la nécessité de se courber sous les règles austères du droit et du devoir ; c’est mettre dès le premier jour dans l’âme des hommes la conviction qu’ils ne peuvent obtenir leur salut politique que par leurs propres efforts ; c’est en un mot leur inculquer les idées qui sont devenues pour toujours la vie des peuples modernes, et qui sont le fond même de l’histoire de la France.

Certes, ces principes ont inspiré les plus légitimes aspirations des peuples depuis dix-huit siècles ; ils ont amené les révolutions d’Angleterre, de Hollande et d’Amérique ; mais ils ont fait surtout la Révolution française, complément et conclusion des autres. La France la première, en

  1. Histoire abrégée des Juifs et de leurs croyances, par Aristide Astruc, Chez Alph. Lemerre, éditeur, pass. Choiseul.