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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/639

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vations psychologiques concrètes des élèves que les Allemands appellent psychologie individuelle. Elles constituent le charme principal de ses fameux Comptes rendus à M. Steiger, et probablement déterminent aussi sa manière particulière de considérer les phénomènes psychiques.

La pédagogie a encore ceci de commun avec les beaux-arts, que la plupart des grands hommes qui lui ont fait faire des progrès n’ont pas laissé de théorie de son développement. Dans ces derniers temps, le savant commence à peine à s’éveiller dans artiste ; mais les écrits de Pestalozzi et de Frœbel sont fort au-dessous de leur valeur comme pédagogues. Il n’y a que Herbart dont les écrits égalent l’activité comme éducateur.

Ce n’est que par son plus beau côté que la pédagogie ressemble aux beaux-arts. Les qualités les plus nécessaires et les plus communes aux instituteurs excluent souvent toute spontanéité et rendent la pédagogie l’art le plus routinier, le propre métier des pédants. Chez les nations néolatines les conditions de la vie publique augmentent encore cette tendance à la routine. L’État ne cesse pas d’y être considéré comme une divinité toute-puissante, omnisciente, infaillible ; le maître d’école n’y ose pas prendre l’initiative, même pour mieux remplir son devoir.

La pédagogie moderne est née dans les cloîtres et, en premier lieu, dans les couvents de l’ordre de saint Benoît. Le caractère de cette époque était que l’école devant instruire le clergé, l’instruction était limitée à l’enseignement de verba solemnia dans une langue morte. La réforme religieuse forme une seconde étape du développement pédagogique. L’introduction de la langue maternelle et une certaine tendance à simplifier et faciliter les méthodes