d’une couleur, qu’ils avaient une chapelle et qu’on les appelait les petits frères de la grâce » ; puis on leur enseignait, disait-on, « que J.-C. n’était pas mort pour tous les hommes, que Dieu ne voulait pas que tous les hommes fussent sauvés, que les commandements étaient impossibles », et autres choses de cette nature. Des jeunes gens attachés aux Jésuites et entre autres au père Bagot, d’où leur vint le nom de Bagotistes, semaient par la ville ces bruits désavantageux. Les Jésuites obtinrent même un ordre secret de la cour, en vertu duquel un commissaire se transporta dans la maison où étaient les enfants. Il interrogea le supérieur M. de Beaupuis, et les enfants eux-mêmes, et put ainsi s’assurer que ces bruits étaient faux et calomnieux. Cette enquête n’amena donc aucun résultat fâcheux : mais soit qu’on voulût prévenir des mesures de rigueur qu’on avait des raisons de craindre, ou encore ôter un prétexte à la jalousie, on décida que l’école de Paris serait fermée et que les enfants seraient dispersés à la campagne.
III
De 1650 à 1656. — Division des enfants en trois bandes et translation des Écoles au Chesnai, aux Granges et aux Troux.
Cette fois les élèves furent partagés en trois bandes.
École du Chesnai. — On envoya au Chesnai les enfants de M. de Bernières et quelques autres qui étaient liés avec eux : ce fut probablement le groupe le plus nombreux. On y reconstitua, sous la direction de M. de Beaupuis, une sorte de petit collège comprenant quatre classes ou chambres, comme l’école de Paris. L’aile gauche de la maison avait été employée tout entière à cet établissement. La première chambre était sous la direction de M. Guyot ; la seconde, sous celle d’un M. Le Bon, qui fut plus tard archidiacre de Soissons ; la troisième était confiée à M. de Bascle ; dans la quatrième se trouvaient réunis les élèves les plus avancés. — Un règlement, qui a été conservé, donne du reste des détails très précis sur la manière dont cette école était organisée et dont elle fonctionnait. « Le Chesnai, y est-il dit dans un préambule, est un petit village distant d’un quart de lieue de
