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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1883.djvu/122

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de qualité vinrent se joindre à eux, entre autres M. d’Abain, fils du marquis de Rochepozai ; les deux fils de M. Guénegaud, secrétaire d’État ; M. de Frêle ; M. de Bois-Dauphin, petit-fils de Mme de Sablé ; le fils d’un gentilhomme huguenot de Sedan, nommé du Faï, que M. l’archevèque y plaça lui-même, « croyant qu’il n’y avait guère de personnes plus disposées que ces MM. de Port-Royal à faire cette charité à cet enfant, ni qui se portassent avec plus de zèle à le bien instruire dans la foi, la piété et la religion » ; le fils de M. Périer, conseiller à la cour des aides de Clermont, neveu de M. Pascal, etc., etc. On sait que le jeune Racine y vint en octobre 1655 ; il avait alors dix-sept ans et sortait du collège de Beauvais[1]. — Il ne semble pas pourtant qu’il y ait jamais eu là une véritable école, comme celle du Chesnai, par exemple. C’était plutôt une réunion d’enfants de divers âges, généralement plus âgés que ceux du Chesnai, qui avaient sans doute des maîtres en titre et un règlement commun, mais qui ne formaient pas pour cela des classes régulières. Certainement Lancelot et Nicole, qui les avaient suivis, leur donnaient des soins particuliers, Lancelot surtout ; M. Le Maître dut s’occuper de Racine et de du Fossé ; Fontaine nous dit, dans ses Mémoires, qu’il fut chargé, lui aussi, de quelques enfants ; de Saci, le frère de M. Le Maître, qui était devenu le directeur de la maison, surveillait tout le monde, et il n’est pas possible qu’il n’ait pas aussi payé de sa personne pour l’éducation des enfants, qu’il avait tant à cœur, comme son maître Saint-Cyran. C’est, du reste, le moment où se trouvèrent réunis les solitaires les plus illustres. L’accident arrivé à Pascal, sur le pont de Neuilly, est de 1654, et c’est un peu après, disent les Mémoires, qu’il vint prendre une cellule à Port-Royal-des-Champs, où il se fit pénitent et solitaire. Sa sœur y était religieuse depuis 1652. C’est

  1. Il devait repartir en octobre 1658 pour aller faire sa philosophie au collège d’Harcourt ; il ne serait donc resté à Port-Royal que trois ans, et ces années tombent précisément dans le temps de la dispersion des Écoles, au moins de celle des Granges, qui arriva en 1656. Il y a lieu de croire qu’il travaillait beaucoup seul, à en juger par la liste (car elle est fort longue) que dressa plus tard Louis Racine, « des livres lus et annotés par son père à Port-Royal, ainsi que des extraits qu’il y fit de ces divers ouvrages », mais sous la direction et avec les conseils de Lancelot, de Nicole, et certainement aussi avec es soins particuliers de M. Le Maître et du docteur M. Hamon, qui avait succédé à M. Pallu comme médecin de Port-Royal.