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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1883.djvu/129

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LES PETITES ÉCOLES DE PORT-ROYAL

Royal, y trouvèrent une retraite où ils purent achever les ouvrages auxquels ils travaillaient.

» Ainsi finit cet innocent et excellent établissement, dont il n’est resté que la mémoire édifiante, et des enfants qui y ont été élevés, et des dignes maîtres qui les instruisaient. C’est sur quoi les hommes ne peuvent rien pour la destruction. »

VI

De tout ce qui précède on peut tirer plusieurs conclusions.

La première, c’est que les Petites Écoles ne furent pas, comme leur nom pourrait le faire supposer, et comme on l’a cru quelquefois, des écoles primaires dans lesquelles on se bornait à enseigner les éléments. Les classes commençant à la sixième dans les collèges de l’Université, il fallait bien des études préparatoires, et il existait, en effet, à cette époque, des petites écoles proprement dites où, avec les premiers principes de la religion, on apprenait aux enfants la lecture et l’écriture ; et l’on devait même s’y garder d’aller au delà, sous peine de se créer des affaires avec l’Université, très jalouse de ses droits. Tout autre, comme on l’a vu, était l’objet de l’enseignement dans les écoles de Port-Royal, puisque la plupart des jeunes gens qui les ont fréquentées en sont sortis avec une instruction complète. Si donc ce nom de Petites Écoles fut adopté de bonne heure et consacré pour les établissements de Port-Royal, c’est qu’on voulait signifier qu’on n’entendait pas faire concurrence aux collèges de l’Université ; c’est aussi qu’on espérait sans doute que l’institution, avec un titre aussi modeste, ne donnerait d’ombrage à personne. Il est vrai que les élèves, une fois entrés dans ce régime d’études, se passaient très bien ensuite des collèges ; mais, comme le dit Sainte-Beuve, « on ne l’affichait pas ».

La deuxième, c’est que ces écoles, avec pensionnat cependant, ne ressemblaient aucunement à nos internats d’aujourd’hui. On n’aimait pas les collèges à Port-Royal ; on regardait comme bien difficile que les enfants y conservassent la pureté de leurs mœurs, à cause de leur grand nombre et des contacts malsains qui en résultent, à cause aussi de l’impossibilité où sont les