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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1883.djvu/33

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L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

mettrait le succès de l’œuvre entière si, dès à présent, l’on prétendait la faire complète.

On s’étonnera peut-être de voir qu’aucune différence n’est faite entre les diverses populations indigènes. C’est que nous sommes intéressés à instruire les unes aussi bien que les autres. Outre que, pour ma part, je ne considère pas comme démontrée la grande supériorité du Berbère sur l’Arabe, il me paraît difficile, les deux éléments étant presque partout mélangés et confondus, de les distinguer nettement l’un de l’autre. Que l’on ait affaire à des hommes de race berbère ou de race arabe, le problème est à peu près le même, Mais ses données varient et par conséquent la méthode de solution doit se modifier, suivant qu’il s’agit d’indigènes en contact direct avec les Européens, ou d’indigènes vivant sur des territoires où n’a pas encore pénétré la colonisation. Sur tous les points où le peuplement européen est d’une certaine importance, on trouve l’instruction primaire organisée ; on n’a qu’à en élargir les cadres pour y faire entrer les indigènes. Ailleurs au contraire, c’est-à-dire en dehors des communes de plein exercice, tout est à créer.

I

Les communes de plein exercice comprennent des villes et des villages. Dans les villes, l’instruction primaire est plus richement dotée, mieux outillée, mieux pourvue de toutes façons ; la population musulmane est relativement peu nombreuse, souvent elle est en minorité. La partie fixe de cette population, celle qui forme des familles, a des mœurs douces, des habitudes paisibles ; si la plupart des enfants de cette classe ne fréquentent point les écoles, cela tient à l’inertie proverbiale des parents. Le trait dominant du caractère maure, c’est la passivité : il faut donc leur forcer la main, et rien n’est plus facile. Qu’on étende à l’Algérie le principe de l’obligation inscrit dans la loi, qu’on le déclare applicable aux indigènes musulmans domiciliés dans les villes. Pour que cette réforme ait son effet, il sera évidemment nécessaire d’augmenter le nombre et la contenance des écoles et de renforcer quelque peu le personnel ; de là un surcroît de dépense qu’il ne serait guère possible de mettre à la charge des communes ; les com-