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L’INSTRUCTION DES INDIGÈNES EN ALGÉRIE

le Tell leurs campements d’été toujours à peu près les mêmes. Leurs enfants viendraient à l’école pendant une saison seulement ; au besoin on pourrait avoir pour chaque groupe important une sorte de tente-école qui se déplacerait avec la tribu et la suivrait dans ses mouvements. Étant donnée la nature de l’enseignement, les élèves n’auraient pas besoin d’une grande assiduité pour en faire leur profit.

L’école de chef-lieu serait d’ordre plus relevé ; on l’installerait comme nos bonnes écoles de village, avec des classes distinctes et un matériel scolaire. Les matières seraient les mêmes que dans ces écoles ; ou y ajouterait un peu d’enseignement agricole ou industriel, approprié à chaque région. Le personnel se composerait de maîtres français ou indigènes présentant toutes les garanties ordinairement requises. La moitié au moins des élèves seraient choisis parmi les meilleurs des petites écoles ; ils suivraient les classes et seraient logés et nourris aux frais de l’État dans des familles désignées par l’administration. Ces boursiers de l’enseignement primaire, désignés par une première sélection, plus laborieux et plus intelligents que la moyenne des enfants indigènes, désireux de conserver Îles avantages qu’on leur aurait accordés, formeraient une élite qu’on entraînerait sans grande peine. Les meilleurs pourraient ensuite être envoyés dans les écoles d’agriculture ou d’arts et métiers ; d’autres deviendraient moniteurs dans les petites écoles ; quelques-uns, triés avec soin, seraient présentés au concours d’admission aux écoles normales primaires ; ceux qui révéleraient des facultés remarquables iraient remplacer dans les lycées les tristes élèves indigènes qu’on y enferme actuellement à leur grand ennui et sans profit pour personne.

Il serait indispensable de soumettre tout cet enseignement à une surveillance sérieuse, qui devrait s’exercer surtout sur les petites écoles. Ici encore le personnel de l’administration, civile ou militaire, serait d’un précieux secours ; l’administration académique accepterait volontiers qu’on lui prêtât la main, comme le font d’ailleurs ; pour l’enseignement secondaire, les conseils d’administration des lycées, et, pour l’enseignement primaire, les délégations cantonales. Cela n’empêcherait pas d’augmenter le nombre des inspecteurs primaires ; en France, avec des dis-