siques de nos écoles normales. Nos futurs instituteurs ne pourront que gagner à connaître de plus près celui qui fut l’un des plus illustres représentants de ce qu’il a si bien appelé lui-même l’esprit nouveau — l’esprit de cette France démocratique pour laquelle Quinet « a rêvé la gloire de devenir l’idéal des peuples modernes ».
Précis d'économie politique, par E. Levasseur, membre de l’Institut ; 1 vol. in-12, 4e édition, Paris, Hachette. — Tous les maîtres de l’enseignement primaire connaissent les excellentes publications géographiques de M. E. Levasseur, et ses efforts pour transformer ce qui ne fut longtemps qu’une nomenclature aride et fastidieuse en une science pleine d’intérêt. Beaucoup moins connaissent ses ouvrages sur l’économie politique, et c’est avec empressement que nous saisissons l’occasion qui nous est offerte par la réimpression de son Précis d’économie politique pour signaler l’exposition méthodique et l’élégante clarté qui caractérisent les leçons de l’éminent professeur. Les notions d’économie politique figurent aujourd’hui au programme de l’enseignement primaire comme le complément de l’instruction civique, et le plan d’études des écoles normales d’instituteurs comporte également un enseignement élémentaire de cette science.
Après une introduction consacrée à la définition de l’économie politique et des termes techniques, M. Levasseur traite successivement : dans la première partie, de la production ; dans la deuxième, de la répartition ; dans la troisième, de la circulation ; dans la quatrième, de la consommation de la richesse ; enfin dans la conclusion il fait ressortir la morale de l’économie politique. Chaque chapitre se termine par un résumé donnant en une page ou deux au plus la substance de la leçon.
Voici un passage destiné à donner une idée de la manière de l’auteur ; il est tiré du dernier chapitre :
« Les deux vertus cardinales de l’économie politique, avons-nous dit, sont le travail et l’épargne, que l’on pourrait nommer le principe créateur et le principe conservateur. Aucun produit agricole, industriel ou commercial n’existe qui ne soit créé par le travail ; aucun produit ne subsiste qui ne doive sa conservation à l’épargne.
» La plus austère doctrine philosophique de l’antiquité, le stoïcisme, résumait sa morale dans cette maxime : « Supporte et abstiens-toi » : grande maxime, capable sans doute de communiquer à l’âme de celui qui s’en est pénétré une noble indépendance en le mettant en quelque sorte en dehors et au-dessus des événements, mais dangereuse parce qu’elle décourage l’activité individuelle et qu’en isolant les hommes elle rompt en quelque sorte le lien des sociétés. Bien supérieur est le principe évangélique qui prescrit l’amour du prochain : « Aimez-vous les uns les autres ; faites à autrui ce que vous voudriez qui vous fût fait à vous-mêmes ; » c’est l’esprit de charité qui parle.