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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1884.djvu/26

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REVUE PÉDAGOGIQUE

artistiques, la plus complète, la plus merveilleuse est certainement la sculpture sur bois. De nombreux spécimens sont réunis dans une salle : j’ai eu le plaisir de les admirer, guidée par l’artiste voyageur, ancien élève de l’école de South Kensington, qui est allé dans l’Inde, à la découverte, et en a rapporté des merveilles, il y a quelques mois à peine : des plafonds fouillés profondément, ornés de dieux grimaçants, et peints de rouge, de jaune et de noir : de merveilleuses portes, en palissandre blanc, finement ciselées ; des façades de maisons dressées de la hauteur de leurs trois étages, avec des balcons à jour colorés harmonieusement de teintes claires, échantillons d’une architecture adorable, qui élève des maisons pour y loger des habitants sans doute, mais surtout pour le plaisir des yeux.

Une chambre, dont le mobilier est d’une couleur vive, réjouissante, est reconstruite dans ses proportions et occupe un angle de salle : le lit soutient des courroies sur lesquelles on doit poser les coussins. Ce lit, formé par des colonnes, est coloré de rouge et de bleu, ainsi que les sièges très bas. Au milieu de la pièce est le rouet de la ménagère. Quelle élégance dans la simplicité rustique de cette chambre d’une maison de cultivateur !

Un tombeau de faïence blanche et bleue attira mes regards. C’était un immense sarcophage. Mais grâce à la qualité et à la couleur de son enveloppe, il ne manquait pas d’une certaine gaîté. Des fragments de pierre sculptée ont permis de reconstruire la muraille à jour qui entoure un autre monument funéraire : c’est une merveille de finesse, d’élégance et de solidité.

Si j’ajoute sommairement, aux détails qui précèdent, que l’art de l’Égypte, l’antiquité, classique l’art byzantin, tous les maîtres de la Renaissance, ceux du temps de Louis XIV et tout le xvie siècle} sont représentés par de nombreuses collections de poteries, de statues, de monuments entiers, de meubles, d’ornements, de costumes ; que les faïences de Limoges, les émaux anciens et modernes abondent, et si nous répétons que l’élève est là chez lui, ainsi que dans les bibliothèques qui sont réunies au musée et lui offrent leurs curieuses richesses, nous devons conclure que nos voisins, qui passaient en France pour dépourvus de goût, ont pris le bon moyen pour en acquérir ; et ils le puisent, depuis longtemps déjà, à des sources trop riches, trop pures, trop élevées, pour qu’une si bonne éducation artistique n’ait pas porté ses fruits.

L’École.

Dès les premiers jours de mes visites au musée de South Kensington, j’avais hôte de pénétrer dans l’école.

Mes recommandations me servirent à merveille, et M. Cole, secrétaire attaché à la direction, me présenta à M. Sparkes, principal, qui voulut bien m’accompagner dans chacune des treize salles où les élèves étaient réunis. Nous étions dans l’école des jeunes gens, qui