deler en grisaille. Chaque élève à ce moment quittait son travail, l’heure du repas dispersait les groupes. Je redescendis dans le musée, où trois belles salles réservées à des buffets sont fréquentées par les professeurs, les élèves, et par le public visitant l’établissement. Il faudrait décrire ces décorations de faïence peintes, ces vitraux coloriés ornant les baies qui servent de fenêtres, puis les colonnes revêtues de faïence ; mais South Kensington est un monde, et cette partie du musée n’inspire qu’un intérêt relatif, parce que le style en est très moderne ; mais les dessins de ces faïences sont dus aux élèves de l’école. L’effet en est heureux, les couleurs vives, le fond clair, les aspérités et les reliefs accrochent parfois un rayon de lumière et font vivre l’intérieur toujours si morne des habitations anglaises. Cet aspect ranime un peu les visiteurs exténués, quoique émerveillés, qui ont parcouru des kilomètres entre deux rangées de chefs-d’œuvre. Je me plaignais de la brume des salles qui enveloppe et assourdit l’effet des plus beaux morceaux de sculpture. « Attendez, me dit-on, à ce soir à cinq heures ; tout sera illuminé à la lumière électrique, et vous pourrez vous promener jusqu’à dix heures pour mieux voir. » Mes forces ne me permirent pas de faire cette promenade le soir même, mais j’eus d’autres fois l’occasion de jouir de cet effet très heureux dans les salles de sculpture et d’objets d’art.
Je retournai chaque jour à l’école de South Kensington ; j’avais la curiosité de l’artiste, et le désir d’informer l’administration qui m’avait envoyée de tout ce qui contribuait à l’ordre remarquable des études.
Le directeur d’art, M. Armstrong, revenait d’un voyage ; il m’accueillit avec la même courtoisie que les deux personnes que j’avais vues avant lui. Il m”expliqua un peu chaque jour le but que se proposait l’école.
« Notre tâche essentielle, disait-il, est de former des professeurs d’art. Nous les envoyons dans les provinces de l’Angleterre et dans les colonies ; nous avons déjà de bonnes écoles qui toutes suivent la méthode de South Kensington ; nous devons cela aux souvenirs que gardent nos anciens élèves et aux concours qui obligent tous les élèves de nos différentes provinces à copier le même modèle au même moment ; les meilleurs dessins nous reviennent et nous voyons ainsi le résultat des efforts faits dans chaque école. Beaucoup d’élèves du dehors, ayant commencé leurs études dans des villes de province, deviennent boursiers et obtiennent de travailler à South Kensington ; et à ceux-là se joignent encore beaucoup d’amateurs, qui ont le droit d’étudier ici, mais en payant les cours. L’organisation est la même pour l’école des dames, qui nous fournit des professeurs, des artistes ; et vous verrez beaucoup de ces dernières dans des fabriques de porcelaine, dans une école de sculpture sur bois, et à l’école de Mlle Gann (protégée par la reine, qui y donne des prix considérables), où elles font des éventails, des dessins de dentelle, etc. » J’avais hâte d’aller