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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/217

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DE LA CORRECTION D’UN DEVOIR

trop longuement, trop complaisamment, comme il arrive parfois à propos de sujets historiques, une exposition personnelle, une véritable leçon se substituant à une correction. Ce premier travail achevé, serrez de plus près la copie ; vous nous avez annoncé du bon, lisez-nous un bon passage ; vous nous avez annoncé du mauvais, lisez-nous un passage mauvais : et ici ne craignez plus d’entrer dans le détail, de prendre les choses par le menu. Si même l’expression était trop défectueuse, relevez-la rapidement en passant. Mais d’ordinaire avec ces copies d’élèves vous êtes obligé d’en venir à parler particulièrement de Ja forme ; parlez-en alors avec beaucoup de précision ; ne vous contentez pas d’une appréciation générale, allez au particulier, à la preuve : aux citations courtes, mais caractéristiques. Ne croyez pas que ce suit assez de dire : « Cette phrase est lourde, embarrassée ; elle est trop longue ; » montrez comment on aurait pu la couper, l’alléger. Ne dites pas seulement : « Ce terme est impropre ; » remplacez-le par le terme qui, selon vous, convient.

Finissez en donnant le jugement que je vous ai conseillé de fixer par écrit. Quelques-uns commencent par là ; c’est un procédé qui peut se soutenir ; toute la correction n’est alors que la justification du jugement. J’aimerais mieux, quant à moi, le garder pour la fin ; il résume et conclut ; il laisse l’esprit de ceux qui écoutent sur quelque chose de parfaitement net et ferme, d’arrêté et de définitif ; c’est une impression à laquelle vos juges ne devront pas, ce me semble, être indifférents.

Il arrive quelquefois que le sujet du devoir n’est pas bien choisi, que la question n’est pas bien posée ; ne craignez pas de l’indiquer ; on vous saura gré de l’avoir vu et même d’avoir osé le dire ; mais ne risquez cette critique qu’après y avoir bien réfléchi et avec mesure.

Certes il ne faut pas que le correcteur soit trop facilement content ; on pourrait l’accuser de manquer de clairvoyance et de pénétration. Il ne faudrait pas non plus qu’il fût trop difficilement content. Entre ces deux excès, l’optimisme et le pessimisme, la route n’est pas aisée à tenir. Certains candidats ne voient dans le travail de l’élève qu’une proie à déchirer, à déchiqueter ; ils s’en donnent à cœur joie ; ils mordent à belles dents. Ils inventeraient plutôt des fautes (cela s’est vu) pour