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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/470

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REVUE PÉDAGOGIQUE

« En l’état des croyances et des mœurs, sous un régime qui donne le droit au nombre, instruire est bien, moraliser est mieux. Si l’un est utile, l’autre est nécessaire, car une société a encore plus besoin de moralité que de savoir et d’honnêtes gens que de gens instruits. Nous n’apportons pas un nouveau système ; du reste, en matière d’éducation, les systèmes n’ont guère que l’apparence de la nouveauté, et cette nouveauté même est à bon droit suspecte... Ce n’est pas de systèmes que nous avons besoin, ce ne sont pas les lumières qui nous manquent, mais les exemples et les hommes ; il faut donc former des éducateurs. Le sentiment des besoins de l’heure présente, l’observation de l’état moral de l’enfance, des influences malsaines ou bienfaisantes auxquelles elle est actuellement exposée, des conditions favorables et défavorables dans lesquelles s’entreprend l’œuvre de l’éducation nationale, du concours ou des obstacles que cette œuvre rencontre dans les institutions, les idées et les mœurs, ont donné naissance à cet ouvrage ; il est né aussi du désir sincère de venir en aide aux instituteurs dans la grande tâche que les circonstances leur imposent. »

M. Vessiot ne se refuse pas d’envisager de haut. Îles grandes questions qui de tout temps ont préoccupé les moralistes, mais c’est aux instituteurs qu’il s’adresse surtout, c’est dans l’école qu’il tient à se renfermer autant que possible. Signalons, entre autres, les excellents chapitres consacrés aux récompenses et aux punitions. C'est donc par son caractère essentiellement pratique que ce livre se distingue de toutes les publications antérieures : c’est ce qui en fait la valeur et le mérite ; c’est ce qui en fera certainement le succès.

Langue allemande.

Une école normale israélite. — Les Rheinische Blätter donnent quelques renseignements intéressants sur la fondation de l’école normale israélite qui va occuper les beaux bâtiments construits à Münster à cet effet, et qui portent le nom de Fondation Mark-Haindorf.

Il y a soixante ans environ, en Allemagne, en Prusse, les israélites ne possédaient même pas d’écoles primaires ; ils ne pouvaient pas avoir d’instituteurs ; on ne les recevait pas dans les écoles normales, du moins à titre d’élèves réguliers ; ils ne pouvaient qu’y rester quelques jours en passant. Du reste, sauf le commerce, presque toutes les branches de l’activité humaine leur étaient interdites.

En 1825, un médecin, le Dr Heilbronn, fonda à Minden une association ayant pour but de répandre la connaissance des métiers parmi les juifs ; il s’agissait de procurer à quelques enfants abandonnés des moyens d’apprentissage.

La même année, cette même idée fut reprise et étendue par le