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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/190

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REVUE PÉDAGOGIQUE

ment, de récompenses, de châtiment, les divers moyens de discipline, tant matérielle que morale.

On est trop habitué chez nous à la routine ; on continue ce qu’ont fait nos prédécesseurs, nos collèges ne diffèrent pas sensiblement des collèges où nos pères ont été élevés, et pourtant le monde a marché, la société a des besoins nouveaux, l’enseignement primaire a été renouvelé. L’auteur allemand peut donner plus d’une utile indication aux hommes soucieux de la réforme universitaire, si indispensable dans nos établissements secondaires, classiques ou autres.

Écoles allemandes en Russie. ― On ne se fait pas une juste idée de l’infiltration germanique. Dans les États-Unis d’Amérique, l’émigration allemande a pris des proportions considérables et fait sentir son action jusque sur la direction politique du pays. En Russie, il existe des communautés allemandes, des églises, des paroisses, des écoles de langue allemande que la nationalité russe ne parvient pas a entamer.

Le Pædagogium a reçu des renseignements sur les écoles allemandes de la Crimée. Cette vaste péninsule estdivisée au point de vue ecclésiastique allemand en deux circonscriptions, celle de Neusatz et celle de Zürichthal. Dans la première circonscription, qu’habite le correspondant du Pæœdagogium, se trouvent quelques communautés allemandes dans les villes, particulièrement à Simféropol, et cinquante villages allemands, qui ont chacun leur école.

Ces écoles relèvent du « ministère de l’instruction du peuple », mais en réalité elles sont dans les mains des pasteurs. Ceux-ci, selon qu’ils ont le temps ou s’y intéressent plus ou moins, réunissent les instituteurs dans des conférences, les surveillent, les dirigent. La dernière de ces conférences a réuni, dans le diocèse de Neusatz, 14 maîtres sur 40. Les distances sont longues, les traitements modestes. Néanmoins les maîtres présents ont décidé de créer des cercles de lectures, des bibliothèques circulantes, des publications pédagogiques.

Ces belles résolutions ne doivent pourtant pas faire illusion sur l’état médiocre et le niveau assez peu élevé de ces instituteurs germano-russes. Ils sont pauvres ; ils ont pour principal salaire l’usage de champs attachés à l’école, et bon nombre de maîtres sont paysans avant d’être instituteurs ; les besoins pressants de la vie les attellent à la charrue beaucoup plus qu’aux livres.

Il paraît en outre que la médiocre qualité de la plupart des maîtres tient à ce qu’un bon nombre d’entre eux ne se sont réfugiés momentanément dans cette profession que dans le but d’éviter la conscription militaire. Ce sont des fils de propriétaires, de riches colons, qui ne se soucient guère de l’école, et qui, une fois le temps de l’engagement accompli, abandonnent la férule et se livrent à l’exploitation de leurs terres.