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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/388

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REVUE PÉDAGOGIQUE

soit à Versailles, soit dans quelque autre école. Au moment où la mort l’a emporté, il amassait les matériaux d’une grammaire latine destinée aux maîtres de l’enseignement primaire.

Mais le livre auquel Léonce Person tenait sans doute le plus et que tous ceux qui l’ont connu garderont précieusement dans leur bibliothèque, est un album admirablement imprimé qui contient le compte-rendu de la cérémonie d’inauguration du buste de J.-B.-Édouard Person à l’école normale de Chartres. Cette cérémonie, préparée de longue main par notre ami, et à laquelle il m’a été donné d’assister, a été la plus belle fête scolaire que j’aie vue en ma vie. Les anciens élèves de son père avaient été convoqués : le buste en marbre, commandé à un de nos premiers sculpteurs, fut découvert aux sons de la musique et des chants. Les anciens collègues, les anciens élèves parlèrent tour à tour : mais le couronnement de la fête fut un discours de notre ami, d’une éloquence singulière, qui ravit et entraîna l’assemblée. En terminant, il rappelait aux jeunes élèves-maîtres une parole de Plutarque que son père lui avait apprise un jour : « Mon enfant, me disait-il, sers ton pays jusqu’à la dernière heure : les fonctions publiques sont le plus glorieux linceul. »

Sans doute Léonce Person, dont les joues se creusaient déjà, se faisait à lui-même l’application de ces paroles. Il avait l’habitude de répondre par un sourire étrange à ceux qui lui recommandaient le repos, ou bien encore, si on le pressait, il déclarait que le sentiment du devoir est plus fréquent dans l’Université qu’on ne le suppose, et qu’il y en avait plus d’un comme lui. C’est ainsi qu’il a épuisé jusqu’à ses dernières réserves de force, et qu’il a été enfin arraché à l’affection d’une famille qui l’adorait, au milieu d’une carrière utile et féconde, et laissant à tous un cher regret et un exemple.