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REVUE PÉDAGOGIQUE

la vie de M. Goy dans un langage digne de l’un et de l’autre. De touchants adieux d’un élève-maître au nom de ses condisciples, d’un professeur au nom de l’école, de l’inspecteur d’académie. Puis j’ai lu un télégramme du ministre et ajouté quelques paroles. »

Oui, certes, nous nous représentons sans peine qu’elle a dû être imposante, cette « simple et triste cérémonie », aussi simple que la vie du défunt, et belle d’une beauté toute d’esprit et de paroles, grave et émue, conforme en tout au caractère de M. Goy. Et que serait-ce si l’on avait pu voir, à la suite du triste convoi, le cortège plus nombreux encore de tous ceux qui ont contracté envers leur maître une dette éternelle de reconnaissance, qui lui doivent d’avoir goûté en quelque mesure la vie de l’esprit ou celle de l’âme !

Pour nous, ses compagnons de jeunesse ou ses amis de l’âge mûr, qui avons vécu dans sa familiarité, aucune parole, je crois, n’expliquera mieux les motifs de notre douloureux regret que celles de l’introduction anonyme du livre de Mme Necker de Saussure. Elles me sont revenues à l’esprit tandis que je feuilletais des notes que Goy avait autrefois crayonnées sur la plus grave des questions philosophiques : « Ainsi nous laissent les âmes supérieures avec qui nous avons tant de fois agité toutes les questions suprêmes qui pèsent sur nous. La mémoire de ces entretiens est d’une inexprimable tristesse, quand la réalité de la mort vient tout à coup s’y mêler. Les voilà entrées dans ces régions inaccessibles à nos regards, d’où rien ne nous viendra plus d’elles sur cette terre ! Vous qui les avez connues, recueillez et gardez précieusement le souvenir de leurs paroles ; car c’en est fait, et vous n’entendrez plus ce langage où une émotion si sincère animait une raison si haute. Quand de telles âmes disparaissent, à la douleur de leur perte se joint, pour leurs amis, une sorte d’effroi de rester seules devant l’énigme du monde. »

Mme DAVY

Mme Davy, inspectrice générale des écoles maternelles, est décédée à Freneuse (Eure) à l’âge de cinquante et un ans. Une assistance nombreuse l’a accompagnée, le 23 décembre, à sa dernière demeure. Plusieurs discours ont été prononcés sur sa tombe. Voici celui de Mme Kergomard, qui a parlé au nom du ministre de l’instruction publique :

« Si c’est à moi que le ministre de l’instruction publique a conféré le douloureux honneur d’accompagner jusqu’ici la noble femme que nous pleurons tous, c’est que sa mort si imprévue, si foudroyante, m’a faite la doyenne d’âge des inspectrices générales.