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REVUE PÉDAGOGIQUE

tre que la science fût incompatible avec la foi et que l’Église dût repousser en bloc les conquêtes de l’intelligence humaine. Il interprétait le Syllabus. Le jour où, ayant applaudi à la réunion du Concile, il fut accusé de vouloir introduire le régime parlementaire dans les délibérations de la cour de Rome, il protesta ; mais on peut croire qu’au fond l’injure ne lui déplut pas.

Il appliquait la même politique à la défense de la monarchie. M. de Falloux avait le goût de la tradition. Au cours de ses voyages, il l’avait admirée en Angleterre, dans les institutions, dans les mœurs, jusque « dans les dispositions des routes ombragées et sinueuses qui se détournent ou s’allongent pour ne pas toucher un vieil arbre ». Il en entretenait le respect autour de lui. Lors qu’il avait fait rebâtir, en l’agrandissant, le château de Bourg-d’Iré, il en avait conservé les fondations anciennes et c’est dans la partie où elles subsistaient qu’il s’était personnellement établi. En entrant dans les salons de réception, le regard était tout d’abord frappé par deux tableaux représentant, l’un la bataille de Fontenoy, l’autre la bataille de Lépante la dernière victoire de la chrétienté, la dernière victoire de la royauté. La monarchie héréditaire, que jadis son imagination entourait d’une auréole, apparaissait à sa raison comme le principe le plus conforme à l’ordre établi par Dieu dans la constitution de la famille. Mais il n’estimait pas qu’elle pût se faire accepter sans se régler sur l’esprit du temps, et l’esprit du temps, à ses yeux, c’était l’esprit de 1789. Il avait pour maxime que le passé, par cela seul qu’il est le passé, ne suffit pas au présent. À ceux qui, mécontents de l’opposition qu’il faisait au représentant de la légitimité, disaient : Le Roi est le Roi ; il faut le prendre tel qu’il est ; — La France aussi, répliquait-il, il faut la prendre telle qu’elle est. Lorsque l’option se posa entre les deux drapeaux, son choix était fait.

Hors de son parti, on pouvait se demander quelle serait finalement la Charte de la monarchie qu’il travaillait à rétablir, quelle part l’Église libérale ferait à la liberté. Dans son parti même, ses adversaires lui ont souvent reproché de ne parler qu’à demi, de ne se donner qu’à moitié. Il ne se défendait pas d’être habile et de suivre ses voies. Il ne lui en coûtait ni de se retrancher, ni de se couvrir. Mais jamais il n’a connu l’inconséquence ni l’indécision. Personne n’a été plus résolument fidèle à ses idées,