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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1890.djvu/230

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REVUE PÉDAGOGIQUE

vient de promulguer une loi visant la création d’une université à La Plata, capitale de cette province, ville qui n’a que six ans d’existence et qui a déjà une population de cinquante mille habitants ! Les deux universités actuelles comprenaient jusqu’ici trois facultés : faculté de droit et sciences sociales, faculté de médecine et pharmacie, enfin faculté de sciences physiques et mathématiques. On vient de créer la faculté de philosophie et des lettres annexée à l’université de Buenos-Aires. Le temps des études, dans ces différentes facultés, est de cinq années pour la première, de six pour les deux autres, et de quatre pour la dernière. Le nombre d’élèves a été, en 1888, de 594 à l’université de Buenos-Aires, dont 147, 347 et 100, respectivement, dans les trois facultés ; et seulement de 145 (56, 63 et 26,) à celle de Cordoba.

À côté des étudiants inscrits, lesquels sont obligés de suivre journellement les cours, sous peine de déchéance de leur droit d’examen, — il n’est pas toléré plus de trente absences, — des étudiants libres peuvent également assister aux cours et subir des examens. Cette catégorie d’élèves est assez nombreuse, principalement dans les facultés de droit.

Le budget de cette année consacre 2 millions de francs à l’université de Buenos-Aires et un peu moins à celle de Cordoba.

Les universités argentines sont filles de ces célèbres universités espagnoles qui condamnèrent l’entreprise de Colomb ; mais elles ont si bien abandonné les vieilles traditions, qu’elles paraissent bien plutôt avoir conquis les anciennes universités qu’en être les filles. Une preuve évidente de cette vérité se trouve dans ce fait : Mile Cécilia Grierson vient d’obtenir son diplôme de « docteur en médecine » à l’université de Buenos-Aires. Cette jeune fille est la première femme argentine qui, laissant de côté d’anciens et aveugles préjugés, ait obtenu ce titre honorable qui dénote en elle, outre le travail et l’intelligence, un caractère à toute épreuve.

Mlle Grierson qui, avant d’entrer à la faculté, avait obtenu le diplôme d’institutrice à l’école normale de Buenos-Aires, a été chaudement félicitée, dans une lettre charmante, que j’ai le regret de ne pouvoir reproduire ici, par le pédagogue le plus distingué de notre pays, le Dr Francisco A. Berra, dont les ouvrages viennent d’obtenir, à juste titre, une médaille d’or à l’Exposition universelle.

Ce que vient d’accomplir brillamment Mlle Grierson marque,