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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/186

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REVUE PÉDAGOGIQUE

dans des conditions d’identité absolue, et l’organisation des livres de comptes doit forcément varier. Des congrès eurent lieu à Paris et à Milan, où la question ne put être résolue au bénéfice d’aucun inventeur de méthode. Il faut remarquer toutefois que l’idée répondait au besoin d’introduire des lois précises dans la tenue des livres, demeurée jusqu’ici un art empirique.

Mais ce qui n’était pas une utopie, c’est l’unification scientifique de la comptabilité. Pénétrés de cette pensée, MM. E. Léautey et A. Guilbaut ont poursuivi leurs recherches sur le terrain des principes, et leurs travaux paraissent avoir résolu la question en substituant la précision scientifique à l’indétermination qui a régné jusqu’ici dans le langage, dans la théorie et dans la pratique comptable.

Pour unifier la comptabilité sous ce rapport et pour lui conquérir l’appellation justifiée de « science des comptes », il fallait : 1° lui créer une langue précise et la définir d’une manière définitive ; 2° l’appuyer et de principes rationnels et d’une théorie scientifique ; 3° former une nomenclature et une classification méthodiques et pratiques des comptes ; 4° constituer la formule fixe du bilan.

Les auteurs ont rempli ce programme. Leur ouvrage est un travail neuf dont ils revendiquent à juste titre la création et la propriété. Ce travail s’impose à l’attention de nos instituteurs et de nos professeurs. Jusqu’ici l’enseignement de la comptabilité est resté négligé, précisément à cause de l’insuffisance des traités spéciaux et des livres classiques sous le rapport scientifique. Les professeurs de l’agrégation scientifique se refusaient, pour cette raison, à cet enseignement, que l’on confie dans les lycées et collèges à quelque comptable de la ville, et qui est ainsi demeuré purement empirique. Aujourd’hui, la comptabilité est devenue une science exacte, elle pourra donc figurer prochainement, nous l’espérons, et avec honneur, dans les programmes de l’enseignement primaire, primaire supérieur, secondaire, et dans celui des grandes écoles d’enseignement commercial, industriel ou agricole, formant l’ingénieur et l’agronome qui agissent sur la matière, le négociant et l’administrateur qui président aux échanges, et qui réclament un système comptable rigoureux pour produire, échanger et administrer en connaissance de cause.

À la fin de leur préface, MM. Eug. Léautey et Ad. Guilbaut font appel tant à l’esprit de progrès qu’au patriotisme des comptables, des instituteurs et des professeurs de comptabilité. La question en vaut la peine : c’est au développement de notre épargne, au triomphe de notre commerce, de notre industrie et de notre agriculture qu’ils travailleront en propageant des principes rationnels de comptabilité. Aussi bien la connaissance de la science des comptes devient-elle chaque jour plus nécessaire à l’homme moderne, obligé par la concurrence nationale et internationale à tirer tout le parti utile de ses efforts et de son activité, sous peine de déchoir économiquement et socialement ; la science est aujourd’hui dans tout travail ; les auteurs ont donc plei-