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REVUE PÉDAGOGIQUE

où les prix et les distributions de prix sont inconnus, et qui n’éprouvent pas le moindre besoin de les adopter.

En Hongrie, la distribution de prix est remplacée par une autre solennité : la séance de clôture de l’école pour l’année scolaire. Élèves et parents sont présents pour entendre le directeur faire l’histoire de l’année. On dit quelques mots des élèves morts pendant l’année, on loue la classe qui s’est distinguée comme classe, on donne des encouragements pour l’avenir, et l’on se sépare enchantés les uns des autres.

Il y a d’autres fêtes durant l’année, car les élèves des classes les plus avancées forment des sociétés de perfectionnement mutuel. Une ou deux fois par mois les élèves s’assemblent sous la surveillance d’un professeur ; ils récitent des poésies, lisent des compositions, chantent des chœurs, jouent même des proverbes ; là ils se jugent entre eux, et il leur est permis de se décerner eux-mêmes des primes, de proposer des prix ; mais tout cela se fait entre eux, et c’est plutôt un jeu, où la rivalité ne dégénère jamais en sentiments envieux ou en haine, ce que j’ai malheureusement eu l’occasion de remarquer plus d’une fois chez des petites filles en France, surtout dans les villes de province. Il est vrai que voilà plus de vingt ans de cela, mais je crois qu’il en est toujours de même avec les natures encore peu élevées, et ces natures forment encore malheureusement la majorité dans nos civilisations.

Antonine de Gérando,
Directrice de l’école supérieure de
jeunes filles de Kolosvár.